« Arriver comme mars en Carême »… Non ce n’est pas, comme d’aucuns le pensent, « arriver comme un cheveu sur la soupe », au contraire ! Devant la méprise de cet adage, je ne résiste pas à l’envie d’en faire le titre de I’ « Éclairage »› de ce mois.
Le jardin éclate de jaune, non par revendication, mais pour annoncer le printemps : mimosa, crocus, primevères et jonquilles nous aident à sortir de la grisaille et du froid de l’hiver. Mars est là et arrive bien à propos comme toujours, avec son air de Carême annonçant Pâques.
En effet, la fête de Pâques étant fixée au premier dimanche après la pleine lune qui suit l’équinoxe de printemps le 21 mars, il se trouve que le mois de mars, pour un tiers au moins, est toujours compris dans le temps de Carême qui précède la plus grande fête des chrétiens. Arriver comme mars en Carême, c’est donc arriver à temps, bien à propos comme je l’espère, pour évoquer les quarante jours qui arrivent, à la lumière de l’encyclique du pape François, Laudato Si’.
Laudato Si’, loué sois-tu l N’est-ce pas un peu contradictoire de se mettre dans la louange alors qu’une « face de carême » serait de circonstance ? Penser louange c’est laisser venir une idée de chants, de danses, d’extériorisation. La louange est souvent citée dans la Bible : David dansait devant l’Arche d’Alliance ; Myriam, la sœur de Moïse, accompagnait les chants de son tambourin. De nombreux psaumes sont des prières de louange. En réponse à la salutation de sa cousine Élisabeth, Marie entonne son Magnificat inspiré du cantique d’ Anne en 1 Samuel 2,1-11.
C’est l’appel qui nous est adressé le premier jour du Carême en recevant les cendres sur notre front, et c’est le chemin que l’Église nous propose pendant quarante jours : nous convertir. Se convertir signifie se retourner, changer de direction.
Le pape François qui lui n’a rien du triste sire à la face de carême, nous propose un appel vibrant à une nouvelle sorte de conversion, écologique celle -là, s’inspirant du cantique de St François.
Évoquant ce qui se passe dans notre maison commune (n°17), il nous invite à vérifier la qualité de notre vie humaine liée à notre environnement. S’il chante Frère Soleil, s’il reconnaît l’art de voir Dieu dans les choses (78), le pape n’oublie pas qu’il y a une distance infinie entre la nature et le Créateur et que les choses de ce monde ne possèdent pas la plénitude de Dieu› (88). Nous devons nous convertir à une écologie intégrale.
La terre fait partie du mystère de l’Incarnation : Dieu s’est fait homme. Tout est lié dit François qui évoque des réalités pour préserver un environnement dans lequel l’homme doit s’épanouir. Si la création est source de louange, elle est aussi un appel à une conversion intérieure, à une conversion dans notre relation aux autres et à Dieu : En effet on ne peut envisager une relation avec l’environnement isolée de la relation avec les autres personnes et avec Dieu, ce serait individualisme romantique déguisé en beauté écologique (119)
On parle aujourd’hui de transition écologique ; François, lui, invite à la conversion écologique. Voilà une dimension spirituelle de l’appel à la conversion qui peut venir combler un manque dans le discours public sur l’écologie. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands (217).
L’Église de France a lancé le label Église Verte pour aider à la conversion communautaire des paroisses. Pour le pape, tout est lié , tout est don, tout est fragile : Une piste pour nous ?
Tout est lié : Comment je consomme ?
Tout est don : Quel est mon rapport au temps ? à la gratuité de la méditation et de la louange ?
Tout est fragile : Quel est mon regard sur les plus fragiles ?
Au mardi gras l’hiver s’en va !… Bonne route vers le printemps de Pâques !