Si les cloches font partie du paysage sonore en rythmant la vie de nos paroisses, si elles nous disent d’où vient le vent qui apporte pluie ou beau temps, elles ont avant tout pour mission la convocation des chrétiens pour la prière.
Une émotion me saisit chaque fois que j’arrive près de l’église à l’heure de la messe, et que je vois venant des diverses rues et allant dans la même direction, des personnes répondant au son des cloches et montant vers l’autel du Seigneur. Je pense toujours à cs psaumes dits des montées (psaumes 120 à 134), que chantaient nos aînés dans la foi en montant vers le Temple de Jérusalem, et je me situe avec eux dans la longue marche du peuple de Dieu répondant à son appel.
Le mois dernier, une nouvelle cloche a pris place dans le clocher de l’église Saint-Jean-du-Baly, nous avons assisté à sa bénédiction et entendu cette prière :
Seigneur notre Dieu, que la voix de cette cloche, comme un écho de ton appel, nous rassemble autour de toi. Que sa sonnerie nous rappelle au long des jours ta présence invisible parmi nous. Qu’elle soit l’expression vibrante de nos joies et de nos peines. Qu’elle chante toujours à la louange de ta gloire.
La bénédiction d’une cloche fait d’elle un meuble d’église, elle est le signe sonore qui rassemble les chrétiens pou la liturgie, mais est aussi un formidable outils de communication puisqu’elle dit à tous les habitants quelque chose se passe.
Qui ne connaît le célèbre tableau de Millet peint en 1858 ? Il nous dit que la prière de l’Angélus a rythmé pendant des siècles la vie quotidienne de notre pays : matin, midi et soir. on cessait toute affaire courante pour se mettre à l’écoute de |’essentiel et dire avec la Vierge Marie : Qu’il me soit fait selon ta Parole.
Qui ne oonnait la chanson Les trois cloches chantée par Édith Piaf et les Compagnons de la chanson ? Elle décrit si bien le passage du temps rythmé par les sonneries des cloches tintent différemment pour la naissance de Jean-François Nicot, son mariage et ses obsèques.
Sonneries joyeuses accompagnant baptêmes, mariages et fêtes patronales, elles deviennent pour un défunt, le glas signe de tristesse et de deuil, mais aussi pour les chrétiens signe d’espérance en la résurrection à laquelle nous serons nous aussi appelés un jour. C’est ce que signifie « la volée » de Pâques après les trois jours de silence des jeudi, vendredi et samedi saints.
Le clocher propre à chaque bâtiment église, se reconnaît ; il est cher au cœur de chacun quelles que soient nos convictions religieuses. S’il est le signe caractéristique de la paroisse, ll favorise aussi « l’esprit de clocher » et parfois la résistance au changement inhérent aux conditions nouvelles de l’annonce de l’Évangile pour le temps d’aujourd’hui ! Nous aimons tant notre clocher que nous voulons nous identifier à lui ! N’y a-t-il pas là quelque chose d’identitaire et de réducteur en ces temps où il nous est demandé de nous ouvrir à plus grand ?
Une belle initiative va nous être proposée pour nous libérer de cet esprit de clocher qui nous anime il faut le dire un peu tous, en participant à une chorale paroissiale de la Bonne Nouvelle, et en chantant un répertoire commun. En effet, chacun de nous sait combien chanter ensemble les mêmes mots, dit l’appartenance à un même corps social et participe à la construction d’une identité familiale, sportive, nationale et ecclésiale ! Voilà un bon moyen pour aider la communauté chrétienne à s’ouvrir à plus large que l’horizon de notre clocher ou de notre groupe de prière.
En unissant nos voix, nous formons un seul clocher résonnant d’une voix commune comme celle des cloches accordées pour chanter juste dans l’harmonie de la foi, de l’espérance et de la charité. C’est ensemble que, non pas invités à rester au pied de notre clocher, mais appelés et envoyés vers nos frères, que « nous proclamons ta gloire en chantant d’une seule voix ».