En préparant le bulletin de la rentrée, alors que nous en évoquions le thème à savoir « la catéchèse pour tous », l’une d’entre nous a fait remarquer que le mot catéchèse signifie « faire résonner », « faire écho », du verbe grec katechein. Je ne sais ce qui s’est passé, mais en tout cas la résonance de ces mots en moi a provoqué comme une évidence qu’il me fallait écrire quelque chose sur « la musique des mots ». Il ne me restait plusqu’à trouver le lien entre musique des mots et catéchèse, belle matière pour un nouvel « éclairage » !
Faire résonner c’est parler dans l’espoir de recevoir un écho, une réponse. N’est-ce pas l’attente de toute catéchèse ? Je ne sais pas si la foi se transmet, je pense plutôt qu’elle se vit, mais ce qui se transmet c’est le témoignage et l’apprentissage du décodage de la lecture de la Parole de Dieu, pour mettre en résonance l’Évangile avec la vie des catéchisés ou des catéchumènes. Le rôle du catéchiste n’est-il pas justement de donner de l’écho à la Parole et de mettre en résonance l’Évangile avec la vie de chacun, de faire en sorte que la Parole de Dieu résonne de manière unique en chaque personne ?
Mais tout cela se fait grâce à la voix qui porte la parole, d’où le lien en moi entre la voix, la musique des mots et leur importance, pour avoir réfléchi et beaucoup travaillé sur les qualités pédagogiques de la voix, et sur ses sortilèges.
La voix, qu’elle soit parlée ou chantée, est une musique en elle-même : son timbre unique, sa sonorité, sa vibration, sa tonalité grave ou aiguë font d’elle en plus d’un moyen de communication unique, un atout pédagogique pour la transmission et la relation aux autres.
La voix dit de la personne parce qu’elle véhicule ses émotions. On peut reconnaître quelqu’un à sa voix sans le voir ou derrière un masque, elle fait écho en nous, elle résonne en nous selon notre qualité d’écoute et de disponibilité. « La voix est la musique de l’âme » écrit Barbara dans Il était un piano noir édité chez Fayard en 1998.
Ce n’est pas dans le débit de paroles répétitives déversées par certaines chaînes d’infos que je la trouve ! Non il n’y a guère de musicalité dans ces mots-là qui disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés, ils n’ont aucun écho en moi et, comme une avalanche, ils m’étouffent, me noient et me coupent la respiration.
En revanche quelle musique dans la poésie où les mots sont pesés, recherchés, choisis comme des notes sur une partition ! Quelle résonance en mon âme ! Quelle musique dans la voix de la personne déclamant un poème ou racontant une histoire vécue ou non avec passion ! Quelle mélodie dans les sonorités qui nous font en savourer tout le sens et nous donnent envie de l’approfondir ! Quel charme que celui des accents de nos régions qui disent nos racines et nos ancêtres !
Catéchèse et musique des mots, faire résonner, faire écho, faire entendre et faire aimer…Comment ne pas évoquer ici le chant comme moyen de faire résonner la Parole, le chant qui rassemble, le chant synonyme de fête et de convivialité. Le chant en catéchèse donne des mots pour dire Dieu et pour dire notre foi, des mots qui font écho en nous. Il est aussi une démarche poétique et un moyen privilégié d’expression qui aide à la mémorisation. Combien de fois n’avons-nous pas rencontré dans les préparations d’obsèques, de mariages ou de baptêmes, des personnes ayant tout oublié de leur caté, sauf quelques airs de cantiques et leurs paroles ! D’où l’importance du bon choix des chants que nous mettons dans la bouche des enfants et des jeunes. Ces chants resteront en eux, dans leur cœur comme une prière parce qu’en en chantant ils l’apprennent « par cœur ». La musique des mots dans la voix est un auxiliaire privilégié de la catéchèse pour dire celle de la Parole créatrice de Dieu. La Création est née de la Parole : « Dieu dit » est le leitmotiv du livre de la Genèse, une parole qui met en relation Dieu et l’homme et les hommes entre eux. Un psaume qui n’est rien d’autre que de la poésie chantée, nous le rappelle :
« Le Seigneur a fait les cieux par sa parole ; l’univers, par le souffle de sa bouche » (Ps 33,6).