Paroisse de la Bonne Nouvelle

Eclairage – 03/09/2019 – Je ne veux pas de votre espoir

L’une a 16 ans l’autre a 100 ans ! Toutes deux, Greta la suédoise et Lisel l’allemande [1] se battent avec ardeur pour le climat.

Cet été, alors que canicules et tempêtes se succèdent à un rythme rarement vu, ces deux femmes m’ont particulièrement marquée par leur engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique et le respect de la création.

Il suffit de traverser la France comme plusieurs d’entre nous l’ont fait pendant les vacances, pour constater l’état de sécheresse de nos régions et prendre conscience de ce qui nous menace. Selon l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement, 60% du territoire pourrait se trouver en sécheresse agronomique à la fin du siècle (Ouest-France du 2 août 2019). Des spécialistes cherchent des solutions, des écologistes nous mettent en garde…

Raphaël Thual

Mais nous, que faisons-nous ?

Le bulletin paroissial évoque souvent ce souci de protection de notre maison commune qu’est la terre. Ce fut le cas avec Laudato Si’ et le projet d’Église verte. Le mois de la rentrée nous propose de nous y attarder à nouveau en participant au « Mois de la Création ». Instauré depuis 2007, il va du 1er septembre (début de l’année liturgique des orthodoxes), au 4 octobre (fête de Saint François d’Assise). En 2015 après la promulgation de l’encyclique Laudato Si’, le Pape François dans un esprit oecuménique et européen a encouragé les catholiques à vivre ce temps pour la création.

De la Genèse à l’Apocalypse

En parcourant la Bible, il est intéressant de constater que du chapitre 1 de la Genèse au chapitre 21 de l’Apocalypse, il est fait référence à la création et à la terre dans pratiquement chaque livre. Si Genèse 1 nous dit que Dieu créa le ciel et la terre, l’Apocalypse le dernier livre biblique, nous décrit le ciel nouveau et la terre nouvelle (Ap 21, 1-7).

Tandis que les prophètes Isaïe et Jérémie se lamentent : La terre est profanée par ses habitants (Is 24, 5) et Combien de temps encore la terre sera-t-elle en deuil ? (Jr 12,4), le Livre des Psaumes considère la terre comme un don de Dieu et l’expression de son amour gratuit : Tu as aimé la terre (Ps 84), Mais la terre tu l’as donnée aux hommes (Ps 115). Les images de semences et moissons rythment le texte biblique et le calendrier liturgique des fêtes juives. Pour expliquer le Royaume de Dieu, Jésus utilise aussi des références agraires : Le semeur est sorti pour semer sa semence (Lc 8, 5), Mon Père est le vigneron (Jn 15, 1). En Mt 9, 38, Dieu est le maître de la moisson.

 

Des réfugiés climatiques

Cet été les réseaux sociaux y sont allés gaiement pour présenter la Bretagne comme une terre d’accueil pour réfugiés climatiques victimes de la canicule. Mais qui sont les vrais réfugiés climatiques ? Le cri lancé par Greta Thunberg au nom de tous les enfants au sommet de Davos en janvier ne nous montre-t-il pas que ce sont eux ? :

« Les adultes répètent sans cesse qu’ils ont une dette envers les jeunes, qu’il faut leur donner de l’espoir. Mais je ne veux pas de votre espoir. Je ne veux pas que vous soyez plein d’espoir. Je veux que vous paniquiez. Je veux que vous ressentiez la peur que je ressens tous les jours. Et je veux que vous agissiez comme vous le feriez en cas de crise. Je veux que vous agissiez comme si la maison était en feu. Car c’est le cas ! »

 Terrible phrase d’une jeune visionnaire à des adultes qui auraient dû leur préparer un monde de confiance et d’insouciance, inversion pédagogique de la part d’enfants qui se sentent dotés d’un rôle de protection du monde et de la création à la place de ceux qui ferment leurs yeux et leurs oreilles à leurs cris.

Alors oui, avec Greta, Lisel, François et ceux qui contribuent à la prise de conscience urgente de tous, profitons de ce mois de la Création pour renouer des liens avec la nature qui nous a été confiée et avec son Créateur. Qu’il soit pour nous l’occasion de rendre grâce pour la beauté qui nous entoure !