Paroisse de la Bonne Nouvelle

Eclairage – 02/11/2020 – Peuple de frères 

Au moment ou j’écris mon article, la troisième encyclique du Pape François vient de paraître, elle parle de fraternité et d’amitié sociale. Lorsque ce bulletin vous parviendra, la fête de la Toussaint laissera vibrer une fois encore dans nos églises, le beau texte des Béatitudes, chemin de bonheur et d’espérance auquel nous aspirons tous.

Solidarité, fraternité, amitié, béatitudes…

Des mots qui mènent vers plus de justice et de paix, vers plus de bonheur puisque heureux sont-ils ceux qui les vivent ! Des mots censés nous mettre en chemin et nous pousser en avant.

La pandémie que nous vivons met à mal notre aspiration à bien vivre ensemble ces valeurs précieuses indispensables à la vie sociale et fraternelle. Rien n’est plus pareil entend-t-on dire autour de nous, et pourtant n’est-ce pas déjà être solidaire que de mettre un masque non seulement pour protéger notre santé, mais celle des autres ? Mais comment vivre l’amitié et la fraternité quand la distanciation sociale et affective est de rigueur ?

Bien sûr il y a le téléphone et les moyens visuels de communication, mais rien ne vaut un repas en famille ou entre amis, dans le partage non seulement du « fricot », mais aussi de nouvelles, de banalités, d’histoires drôles ou non de la vie de tous les jours.

Bien sûr il y a la messe télévisée, mais combien de paroissiens affirment que si elle est belle, en revenant dans leur église ils ont apprécié et même redécouvert la joie de faire partie d’une communauté et de se retrouver ensemble pour prier

La liturgie une école de fraternité

S’il est un lieu en effet où se vit la fraternité, c’est bien celui de la liturgie eucharistique. De la prière pénitentielle au chant de l’Agneau de Dieu, nous demandons au Seigneur d’avoir pitié de nous. Oui, le langage de la messe est celui du « nous  », pas le pluriel de majesté comme si le prêtre n’osait pas dire « je ». Non, le « nous » que nous utilisons c’est celui de l’Église prêtre et peuple réunis à l’appel du Seigneur, constituée de frères et de sœurs présents pour célébrer, prier, chanter ensemble et faire corps, et pas n’importe quel corps : celui du Christ ressuscité. C’est le « nous » d’enfants qui ont un même père qu’ensemble ils appellent « notre Père ».

La liturgie n’est pas une prière individuelle, personnelle ou privée ; si elle signifie « action publique » elle n’est pas un public ordinaire !

Il n’est pas possible ici de développer la prière eucharistique ni les dialogues où domine la troisième personne du pluriel, mais je voudrais faire un focus sur le chant et la musique qui ne sont pas là seulement pour accompagner la liturgie ni pour faire joli, ou encore pour mettre de l’ambiance et émouvoir un auditoire. Les chants favorisent la construction de l’assemblée et développent le « nous » en favorisant ce que la constitution sur la liturgie de Vatican II appelle « la participation active des fidèles » qui ne veut pas dire s’activer bruyamment, mais participer au mystère pascal du Christ par notre attitude, nos gestes, notre écoute, nos silences, nos chants, notre prière, pour devenir membres de son Corps.

Les chants qui utilisent les pronoms de la première personne du singulier : « je, moi, ma, mon, mes » sont plus appropriés à la prière méditative qu’à la liturgie eucharistique dont le but est de faire grandir le « nous » de l’assemblée.

Un « je » qui devient « nous »

Deux seuls « je » ont leur place dans la messe : « Je confesse à Dieu », je reconnais devant mes frères que je suis pécheur, et « Je crois en Dieu », dans lequel je dis devant mes frères ma foi en la Parole de Dieu que je viens d’entendre. En la mêlant à celle de tout le peuple rassemblé, nous constituons une foi commune qui rejoint la foi de toutes les autres assemblées réunies ce dimanche à travers le monde, avant de proclamer une prière dite universelle.

N’est-elle pas extraordinaire cette fraternité qui s’étend de la paroisse de la Bonne Nouvelle à « toutes les nations » ?

« Voyez, qu’il est bon qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble ! » (Ps 133, 1)