Paroisse de la Bonne Nouvelle

Eclairage – 01/12/2021 – Et toi petit enfant…

La photo prise par une victime de pédocriminalité dans l’ÉgIise a été dévoilée samedi 6 novembre à Lourdes avant la prière de repentance organisée par les évêques.

Cette photo représente la sculpture d’un enfant qui pleure sur le pilier d’une église et est accompagnée d’un texte où l’on peut lire ces lignes : « Dans les yeux de l’enfant se mêlent la souffrance, la violence subie, le déni de sa parole et une grande solitude ». Scellée sur le mur de l’hémicycle dans lequel se réunit l’épiscopat, elle préfigure la construction d’un lieu de mémoire.

Petit enfant qu| pleure
En participant a ce moment tant attendu via la télévision, je n’ai pu m’empêcher de faire le lien avec la naissance d’un autre enfant Il y a plus de 2000 ans En écoutant Éric de Moulins-Beaufort dans la lecture de son beau texte « Petit enfant qu/ pleure… » tout en pensant à ma mère qui n’a pas manqué de me chanter la chanson de Lucienne Delyle du même titre dans mon enfance, m’est revenue aussi la phrase de Zacharie dans l’évangile de Luc 1 76-77 « Et toi petit enfant, tu seras... » qui annonce si b|en toute la promesse inscrite dans l’enfant qu| naît. Comment ne pas penser aussi en ce temps de Noël en plus de l’enfant de la crèche de Bethléem tous ces « Innocents » victimes d’Hérode qu’évoque Matthieu au chapitre 2 16-18. Oui, eux aussi ont été victimes de la barbarie d un adulte fort de son pouvoir sur des êtres sans défense.

« Petit enfant qui pleure sur un pilier d’église, là où tu devrais chanter, louer, te sentir en paix dans la maison de Dieu… » Comme cette phrase me touche ! Comme elle évoque bien ces petits venus pour entendre parler d’un Dieu Amour, pour le chanter dans toute la pureté de leur voix, pour apprendre le :pardon et la miséricorde !

« Petit enfant qui pleure… » Comment te protéger ? Comment vivre en paix quand on sait qu’un enfant meurt tous les quatre Jours en France dans le cadre familial ? Quand on reste sidérés par le nombre de viols et de harcèlements commis sur eux ? Jusqu’à quand allons-nous tolérer ces faits intolérables et ces chiffres qui nous donnent le tournis ?

Mes propos ne sont guère ceux d’un conte de Noël. J’aurais pourtant tellement voulu en cette fête des enfants, écrire sur la magie et les étoiles dans leurs yeux, évoquer des cadeaux, des rires, des fêtes de famille et des parents attentifs, la chaleur d’une maison et la fraîcheur de leurs âmes. J’aurais voulu pouvoir rêver d un temps où cela ira mieux, mais… figurez-vous que de seulement l’écrire me fait déjà presque du bien ! N’est-ce pas cela Noël ? N’est-ce pas cela le miracle de Noël que celui du récit d’un enfant né dans la pauvreté d’une étable et qui chaque année éveille en moi le temps de la promesse et d’un monde meilleur ? La grisaille hivernale est propice à rester chez soi, à rentrer en soi, à attendre que vienne la renaissance, que vienne la Nativité, et c’est dans cette nuit du solstice d’hiver, nuit plus longue que le jour, qu’il est venu, qu’il est né, lui l’enfant que Jean appelle « la lumière venue dans le monde et qui éclaire tout homme (Jn 1, 9).

Alors le ciel s’ouvre
Des anges, messagers de Dieu, en descendent et chantent sa gloire en annonçant toute la promesse contenue dans ce petit enfant. Ils s’adressent à des pauvres de cœur qui comprennent qu’il leur faut marcher ensemble pour le rencontrer et ensuite l’annoncer. Le ciel s’ouvre pour libérer son étoile qui guidera des savants venus de loin : « Nous avons vu son étoile » (Mt 2, 2). Image du peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance, en marche vers le lieu de la première assemblée née dans la pauvreté d’une étable.
Et puisqu’il m’est permis de rêver en ce temps de Noël, dans le ciel qui s’ouvre à nouveau et nous montre l’étoile d’un synode portant sur la nouvelle façon de faire Église ensemble, je vois un peuple de baptisés qui parle et agit pour que son Église renaisse dans la pauvreté, un peuple sans hiérarchie qui se dise sacralisée, un peuple fraternel sans rapport de domination et de puissance de la part des uns, sans servitude et soumission de la part des autres, un peuple animé du seul commandement laissé par cet enfant comme un cadeau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34).