On devrait faire des célébrations plus adaptées aux enfants à la Toussaint si on veut que ce soit une fête et que les gens arrêtent de penser que c’est la fête des morts. Et j’en ai marre que Noël ait le monopole auprès des enfants. Après on s’étonne que le père Noël prenne toute la place.
Ce message reçu de Gabrielle le jour de la Toussaint me fait réfléchir. Et voilà que soudain je me demande si un lien existe entre la Toussaint fête de l’espérance chrétienne et fête de famille rassemblant joyeusement tous les chrétiens du ciel et de la terre, et Noël fête de l’espérance réveillée en nous au long des quatre semaines de l’Avent, et fête de famille par excellence.
Bienheureux sont-ils ceux que nous fêtons le jour de la Toussaint ! Bienheureux sommes-nous qui voulons mettre nos pas dans les leurs et nous réjouir avec eux comme il me plaît de le faire chaque fois que je chante Saint, saint, saint le Seigneur !
au cours de l’Eucharistie, en mêlant ma voix à celle des anges et des saints qui louent Dieu sans cesse ! Bienheureux sont-ils ceux qui vivent la pauvreté du cœur, la douceur, la proximité avec ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice ! Bienheureux sont-ils les miséricordieux, les purs, les artisans de paix !
Oui, bienheureux sont-ils tous ceux-là qui connaissent le Royaume des cieux et qui voient Dieu dans sa gloire ! C’est de ce lieu de béatitude qu’ils se réjouissent éternellement ceux qui ont vécu le passage de la résurrection à la suite du Christ ; c’est de ce lieu de béatitude qu’est venu le Messie que le peuple juif attendait. Déchirant les cieux, il est venu réaliser la Promesse faite à son peuple non pas comme un roi puissant mais en la personne d’un petit enfant promesse de vie s’il en est une ! C’est de ce même lieu qu’il reviendra dans la gloire.
Aurions-nous perdu le sens de la fête ? Si la Toussaint est pour beaucoup la « fête des morts » et souvent synonyme de tristesse, la fête de Noël ne fait-elle pas tout simplement partie des « fêtes de fin d’année » avec tout ce que cela suppose ?
Aurions-nous oublié ce qu’est l’espérance ? Soeur de la foi et de la charité, elle est aussi cette petite fille de rien du tout qui étonne Dieu
comme la nomme Péguy dans son magnifique poème Le Porche du mystère de la deuxième vertu.
Elle est cette force qui nous tire vers l’avant quand nous avons envie de baisser les bras, vers la nouveauté et le changement quand nous nous installons dans la routine, vers l’inédit quand nous avons tendance à nous endormir et à nous installer dans le présent qui rassure. L’espérance c’est le contraire de la nostalgie du passé et de la peur d’entreprendre, elle est ce qui nous fait avancer souvent vers l’inconnu même masqués !
Mais comment vivre d’espérance quand on a peur de sortir de chez soi et qu’on n’ose plus recevoir ni visiter ses proches, quand autour de nous on tue et on égorge, quand la pauvreté et le chômage frappent à notre porte, quand l’avenir paraît si sombre pour beaucoup ? Comment dans ce monde d’aujourd’hui vivre et partager de l’espérance joyeuse proclamée dans les Béatitudes le jour de la Toussaint et née le jour de Noël ?
C’est pourtant dans ce monde-là qu’il nous faut porter l’espérance au-delà de toute espérance et en témoigner à l’exemple d’Abraham que Dieu appela à quitter sa tente et son pays, c’est-à-dire sa vision étroite des choses, pour lui montrer le vaste champ des étoiles, lui ouvrir de nouveaux horizons. Alors, dit St Paul espérant contre toute espérance, il crut.
(Rm 4,18) Et puisque voici le temps des cadeaux, et que le père Noël risque d’être bien confiné cette année ma chère Gabrielle, pourquoi ne pas évoquer avec les enfants, la vraie valeur du cadeau qu’est la vie en eux, ce qu’il y a en elle d’éternité et d’espérance, et celle inestimable de chaque être humain ?
Bon Noël ! Ouvrons des routes d’espérance là où demeure Dieu dans le monde d’aujourd’hui !