Les moissons sont finies, les écoliers sont rentrés, l’été s’attarde encore semblant ne plus savoir quand il doit se produire, les fruits ont passé les promesses des fleurs, et les feuilles mortes sont prêtes à remplir la pelle du poète… C’est L’automne et c’est octobre ! Un mois que l’Église consacre à la mission universelle pour la 95e fois cette année.
Instituée en 1926 par le pape Pie Xl, elle fut d’abord une journée fixée à l’avant-dernier dimanche du mois d’octobre, comme une « fête de la catholicité et de la solidarité universelle » selon l’intuition de Pauline Jaricot (1789-1862). Cette dernière, une lyonnaise de famille aisée s’était associée avec des ouvrières de l’usine de son père pour collabo rer à la propagation de l’Évangile par la prière et l’animation missionnaire, en inventant un système ingénieux de collecte. C’est ainsi qu’est née l’Association de la Propagation de la Foi en 1822, suivie de l’Œuvre de la Propagation de la Foi en 1922 puis des Œuvres Pontificales Missionnaires. En France depuis une trentaine d’années, l’animation est étendue à une semaine dans les diocèses et paroisses et le mois d’octobre reste lié au mois de la mission, mais ce n’est pas sans raison !
Si le ciel au dessus de nous s”assombrit en octobre, de l’autre côté c’est la fête ! Ils sont nombreux les disciples-missionnaires fêtés en ce mois, ceux qui n’ont pas hésité à crier l’Évangile et à mourir pour lui, à l”annoncer à toutes créatures, à se mettre en marche poussés par l’Esprit Saint l Il y a les deux Thérèse, la Normande et la Castillane, l’une est dite petite et n’est rien d’autre que la patronne des missions, l`autre c’est la grande, la réformatrice du carmel. Toutes deux ont lutté pour plus de liberté, d’amour, et de vérité . François lui, celui d’Assise annonçait l’Évangile à toutes les créatures avec une joie contagieuse. Savez-vous que c`est Ignace d’Antioche le Théophore – celui qui porte Dieu – qui a donné le premier le nom de « catholique » c’est-à-dire « universelle » à l’Église ? Quant à Luc, médecin de son état et auteur des Actes des apôtres, il « nous enseigne à vivre les épreuves en nous attachant au Christ afin de mûrir la conviction que Dieu peut agir en toutes circonstances même au milieu des échecs apparents » (La joie de l’Évangile). Et avec eux tant d’autres accompagnés des Anges gardiens qui se joignent à nous pour chanter le Dieu trois fois saint à chaque eucharistie !
Tiré du livre des Actes au verset 20 du chapitre 4, le message à transmettre cette année résonne comme un cri dans un contexte de pandémie, souvent de découragement, de fatigue et de désenchantement : « Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu ! »
Lors d’une réunion il fut demandé aux membres présents de dire ce qu’ils mettaient sous le mot « mission » . Que pensez-vous qu’il arrivât ? Eh bien il y eut autant de réponses que de participants l Effectivement entre la lettre de mission, l’envoi en mission, l’ordre de mission, la mission accomplie, la périlleuse, la secrète ou l’humanitaire on a l’embarras du choix !
Du latin missio : action d’envoyer, j’opte quant à moi pour une « I`Église en sortie » expression chère au pape François, une Église en marche à la suite de l’Esprit Saint.
Missionnaire dans l’ordre des Capucins, homme de Dieu proche des petits et des pauvres, il criait l”Évangile non seulement par sa parole percutante mais aussi par sa présence, son écoute, son bon sourire, ses prises de position souvent dérangeantes et courageuses. Missionnant à travers toute la Bretagne et bien au-delà, Médard était passé des héroïques missions paroissiales à l`annonce joyeuse d’une Église conciliaire. Pionnier d’une « Église en sortie », il allait vers l’autre simplement et avec lui personne ne se sentait étranger à l’amour de Dieu. Comme d’autres prophètes d’aujourd’hui dans une Église bousculée, il aurait pu avoir comme devise « Ni partir, ni se taire » !