Un prêtre de Détroit dans le Michigan a récemment défrayé la chronique [1]. Après avoir visionné la vidéo de son baptême, il s’est rendu compte que la formule rituelle n’avait pas été respectée et que son baptême n’était pas valide. Ce prêtre a donc parcouru une seconde fois les différentes étapes des sacrements de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation, eucharistie, puis de l’ordination : diaconale et presbytérale.
Loin de moi l’idée de m’imposer en juge sur cette affaire ! Théologiens et canonistes se sont exprimés sur le bien-fondé ou non d’une formule qui n’a rien de magique. Cependant en ce mois où vont être célébrés les trois sacrements de l’initiation chrétienne dans la paroisse, l’occasion d’en parler est trop belle pour ne pas la saisir !
Signe visible de la présence et de l’action invisibles de Dieu en nous, tout sacrement comporte trois dimensions : un signe, une parole et un symbole. Est-il possible de les changer ? Pourquoi ne pas se demander après tout si l’appartenance à l’Église tient à une formule dite rituelle, et puis d’où viennent ces formules ?
Pour revenir au baptême remis en cause pour un « nous vous baptisons » au lieu de la formule rituelle « Je te baptise » , le Concile Vatican II dans la Constitution sur la liturgie, dit que Quand on baptise c’est le Christ lui-même qui baptise
[2]. Le ministre ordonné prêtre ou diacre, parle au nom du Christ qui agit dans la personne qui reçoit le sacrement grâce à l’Esprit-Saint qui est invoqué, c’est pour cela qu’il n’y a eu de sacrements qu’après la Pentecôte quand Jésus a envoyé son Esprit sur les apôtres pour le rendre présent parmi nous.
On peut dire que Jésus a institué deux sacrements : le baptême qui n’a pas été fondé le jour où lui même a été baptisé, mais bien celui ou il a traversé la mort sur la Croix. L’eucharistie inaugurée le jour de la Cène le Jeudi Saint trouve son accomplissement dans sa mort et sa résurrection. C’est pour cela que nous célébrons la messe le dimanche jour de la Résurrection, et non le jeudi jour de la Cène.
Chacun des sacrements nous fait vivre le mystère pascal c’est-à-dire le passage de la mort à la vie et nous unit au Corps du Christ qu’est l’Église.
Tous les sacrements ont leur origine dans la Pâque de Jésus. Le Concile de Trente en 1547 en a défini sept, le chiffre de la plénitude, comme sept rendez-vous d’amour privilégiés entre le Christ et l’homme : ceux de l’initiation chrétienne, le baptême, la confirmation et l’eucharistie, visages de l’amour unique de Dieu pour son enfant bien-aimé ; les sacrements de guérison que sont la réconciliation et le sacrement des malades, visages de la miséricorde de l’amour réciproque de l’homme et de Dieu ; les sacrements de l’engagement, le mariage et l’ordre consacrent des choix de vie et sont visage de fidélité et d’un amour pour toujours. Après le Concile de Trente, celui de Vatican II a porté un autre regard sur les sacrements en précisant que le premier des sacrements est l’Église elle-même, signe et moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain
[3].
Visages sans masques de l’amour et de la miséricorde d’un Dieu toujours fidèle à l’Alliance avec son peuple, les sacrements comme l’écrit le Père Michel Hubaut, sont des sourires de Dieu
rendus visibles par son Fils. Alors, quelles que soient les polémiques évoquées au début de cet éclairage, en conclusion, je voudrais juste laisser à votre méditation cette phrase de St Augustin : Si Pierre baptise, c’est le Christ qui baptise ; si Paul baptise, c’est le Christ qui baptise ; et même si Judas baptise, c’est le Christ qui baptise
[4].