Paroisse de la Bonne Nouvelle

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Eclairage – 01/09/2021 – Qu’as-tu fait ?

Inondations meurtrières, incendies, dôme de chaleur, goutte froide, fonte de glaciers, Madagascar au bord de la famine, regain de pandémie, été à la météo capricieuse… autant d’actualités qui ne mettent guère à l’aise pour écrire sur la Création !

Mais que devient notre planète ? Je ne suis pas spécialiste en la matière, pourtant lorsque j’entends parler de changement climatique, mes souvenirs me ramènent à une rencontre mémorable de l’été 1974 avec Anjela Duval notre poétesse paysanne bien connue. La ville de Morlaix avait été noyée sous deux mètres d’eau au cours de l’hiver et nous n’étions guère habitués à ces catastrophes. J’entends encore Anjela nous dire que nos pères n’étaient pas des idiots, eux qui construisaient des talus et des haies dans leurs champs. C’était l’époque des remembrements à tout-va et de l’arrachage des haies. Avec Anjela nous les jeunes de l’époque, prenions parfois conscience de ce qui pouvait arriver, mais… qu’avons-nous fait pour l’empêcher ? Comment avons-nous pris soin de notre planète ?

 

Anjela nous paraissait en retard sur son temps, et pourtant comme elle était prophète celle qui parlait de la terre de ses ancêtres et de ses racines avec à la fois amour et colère contre ceux qui « mettaient trois ou quatre champs dans le même champ et remplaçaient les noms qu’on leur avait donnés par des numéros inscrits au cadastre ! » (sic)

« Qu’as-tu fait de ton talent ? Qu’as-tu fait de ton frère ? Qu’as-tu fait de la Création que je t’ai donnée ?  » nous rappelait Jacques Arnoud dans sa conférence du 21 juillet dernier à Trébeurden. Autant de questions qui m’amènent à réfléchir à la conversion écologique vers laquelle nous oriente le Pape François dans Laudato Si’  : « une conversion qui conduit le croyant à développer sa créativité et son enthousiasme pour affronter les drames du monde  » (220).

Dans le livre de la Genèse au verset 5 du chapitre 2, n’est-il pas écrit : « Yahvé prit l’Homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder » ? C’est avec chacune et chacun de nous placés dans ce jardin qu’est la Terre, que Dieu continue à agir. Il est temps de nous réveiller et de revoir nos modes de vie !

En 1988, le patriarche oecuménique de Constantinople, Dimitrios Ier, a institué le 1er septembre de chaque année (début de l’année liturgique chez les orthodoxes) la Journée de la Création. En 2007, lors du troisième rassemblement oecuménique tenu à Sibiu en Roumanie, des délégués des différentes Églises ont décidé d’aller plus loin en instituant un « Temps de la Création » allant du 1er septembre au 4 octobre, jour de la fête de saint François dans l’Église catholique : Une journée, un mois pour prendre du temps et réfléchir afin de poursuivre l’œuvre de longue haleine qui nous attend.

Anjela, poétesse, prophétesse et écologiste avant l’heure, attribuait à la main de l’homme les ravages causés à la nature, et une partie des catastrophes écologiques que nous onnaissons aujourd’hui et qui nous inquiètent. Pour elle, comme pour François, Jacques et les autres, la nature est « un don de Dieu », un don dont nous pouvons profiter, à condition de le respecter et de l’aider à fructifier.

Te’ro an Douar, ar glav hag ar wrez. Me‘demz, a had, ar c’hwenn, a eost. » « Toi, tu donnes la terre, la pluie et la chaleur, Moi je mets de l’engrais, je sème, je sarcle et je moissonne. [1]

« Fruits de la terre et du travail des hommes », comment ne pas associer le pain et le vin à une collaboration réussie de l’homme et de Dieu ? Par le Christ qui les a consacrés, ils sont devenus le signe vivant de sa présence dans l’Eucharistie. « Quand nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe », nous proclamons certes le mystère de la foi, mais nous nous réconcilions aussi avec Dieu, nos frères, et notre environnement : quel engagement et quelle responsabilité !

[1Anjela Duval Bennozh dit ! Béni sois-tu !