Avec l’historien Jean-Baptiste Noé, je me demande aussi quelle est donc la raison d’un tel succès ? Quel autre sport peut se targuer d’un tel engouement près de 120 ans après son lancement ? Quel sport est capable d’intéresser à la fois des passionnés réguliers et des amateurs occasionnels de trois semaines d’été alors qu’aucun français n’a gagné depuis 1985 ?Force est de constater que chaque décennie a ses champions et que « jeunes et vieux se réjouissent ensemble » sur les routes du Tour, comme dans la prophétie de Jérémie (Jr 31, 13).
Une ambiance festive, un rythme entraînant, des commentateurs passionnés et souvent passionnants caractérisent le Tour de France qui met en valeur les villages, les lieux de vie simples et proches de la nature et bien ancrés dans le terroir certes, mais. ouvre aussi à. plus grand puisqu’il lui arrive de sortir de I’Hexagone et qu’il est regardé par pas moins de 190 pays !
Comment se fait-il que le Tour ait résisté aux guerres, aux scandales, aux évolutions de la société en restant si populaire ?
Ambiance, rythme, animateurs, foule rassemblée… un vocabulaire qui me ramène naturellement à la liturgie non, pas parce qu’on pourrait parler de la grand-messe du Tour, mais parce que je vois quelque chose de sacré, de religieux qui signifie « relier », dans ce besoin de rassemblement, d’être ensemble, oserais-je dire de communier ? Mais au fait, qui sont les premiers acteurs du Tour ? Les coureurs groupés dans le peloton, ceux qui risquent l’échappée attendue, ou les spectateurs ? J’ai envie de dire tous autant qu’ils sont car ici se vit aussi une sorte de participation active d’une assemblée motivée et stimulée par des témoins en mouvement et bien en sur leur vélo à l’image de ce que nous dit Madeleine Delbrêl [1] .
Et voilà que je me mets à rêver d’une Église, d’une paroisse, d’une famille à l’image du Tour de France sachant être à l’écoute de son directeur sportif, celui qui encourage dans les côtes et les intempéries, celui qui aide à se relever lors des chutes et des crevaisons ou encore des déraillements et des coups de pompe. Celui qui est présent quand on perd les pédales ou quand plus familièrement on pète un-câble ou qu’on-pédale dans la choucroute ou la semoule. Celui qui est attentif quand il nous arrive d’être complètement à plat d’avoir eu trop la tète dans le guidon, bref quand se présente, ce qui donne envie d’abandonner.
Un directeur sportif, un chef de file appelé Esprit-Saint s’exprime pour les coéquipiers que nous sommes à travers la Parole de Dieu enseignée par .Jésus quand l’épreuve se présente. Il faut juste à lui faire confiance parce qu’il saura comment nous remettre en selle et nous faire passer à la vitesse supérieure en changeant de braquet sans avoir peur de mouiller le maillot pour« repartir de bon matin, pour « repartir sur les chemins, à bicyclette » avec ou sans Paulette » [2] !