Pour l’État elle est le symbole d’un pays à reconstruire, pour les catholiques, celle d’une Église qui va renaître de ses cendres. Les commentaires ne manquent pas à propos de Notre-Dame de Paris ravagée par un incendie ; chacun y va de son symbole, de son intuition, de son commentaire, de sa conviction ou de son espérance.
Tandis que je cherche le sujet de mon « Éclairage » mensuel, et que je voudrais me laisser aller moi aussi à une réflexion sur ce que j’ai ressenti et ce que m’a inspiré |’incendie de la cathédrale, voici qu’en ce 2e dimanche de Pâques je m’arrête à la prière d’ouverture de la messe : Comme des enfants nouveau-nés ont soif du lait qui les nourrit, soyez avides du lait de la Parole, afin qu’il vous fasse grandir pour le salut.
Comme des enfants nouveau-nés… Quasimodo geniti infantes en latin.
Quasimodo ? Ah l Le voilà mon lien avec Notre-Dame ! Quasimodo c’est bien sûr le sonneur de cloche borgne et bossu du Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, mais c’est aussi le nom que l’on donnait avant le Concile à ce dimanche après Pâques l Si l’être chétif et difforme de Notre-Dame était affublé d’un tel nom, c’est tout simplement parce qu’il avait été recueilli par Claude Frollo le curé de la cathédrale, le dimanche de Quasimodo.
Plusieurs dimanches étaient ainsi nommés en raison des premières lettres de la prière d’ouverture ou lntroït : Laetare (4e dimanche de Carême), Gaudete (2e dimanche de l’Avent).
Le dimanche de Quasimodo s’appelle désormais dimanche de la Divine Miséricorde depuis la canonisation de Faustine Kowalska en 2000 par le pape Jean-Paul ll, mais il garde celui de 2e dimanche de Pâques et non de 1er dimanche après Pâques, pour signifier que le même mystère pascal est célébré pendant cinquante jours jusqu’à la Pentecôte comme si c’était un seul et unique jour de fête. Cette grande fête trouve son accomplissement le dimanche de la Pentecôte qui marque la fin du temps pascal et le commencement de l’Église. Comme Marie avait chanté dans son Magnificat les « merveilles de Dieu », la jeune Église née de la Pentecôte les chante elle aussi.
À travers les nombreuses émissions consacrées au catholicisme depuis le Lundi saint, jour de l’incendie de Notre-Dame, j’entends souffler l’Esprit de Pentecôte. En effet, comment ne pas être impressionnée par le nombre de personnes marquées par ce drame, en France et dans le monde ? Plusieurs questions m’habitent : l’ADN de notre héritage chrétien serait-il donc encore vivant ? Les pierres ont-elles crié ? De sociologique le catholicisme va-t-il devenir religion de foi et d’adhésion personnelle à Dieu ? Mes vœux accompagnent fortement une évolution débarrassée d’une tendance à se replier sur un passé rassurant, et se veulent proches de la simplicité et de l’exigence de l’Évangile dont le message est un message d’audace et d’ouverture comme l’est celui de la Pentecôte.
Malgré la triste actualité de l°Église, j’ai le sentiment en ce temps pascal, de voir pointer une renaissance à travers la prise de conscience que je constate. Il me plaît alors de penser que toute l’énergie déployée pour reconstruire une cathédrale ne nous fera pas oublier les Quasimodo, les plus pauvres et les plus vulnérables dont Jésus était et est si proche ! Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit
Ga 5, 75.