ll y a fort à parier que plusieurs d’entre vous en lisant ce qui suit ! se remémoreront de bons souvenirs de soirées printanières des mois de mai d’avant qu’on appelait mois de Marie, et de chemins empruntés vers. une église au une chapelle pour y honorer la Sainte Vierge.
« C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau… » chantions-nous avec ferveur lors de ces « prières »› auxquelles nous étions assidus. Laissez-moi vous conter ces trente et un soirs du mois de mai au beau pays de la Clarté quand, après le repas, tout le quartier se rendait à la chapelle pour y réciter le chapelet et entendre des récits d’apparitions lus par les enfants que nous étions. J’ai souvenir qu’il faisait beau, que nous prenions au passage les uns et les autres comme autant de « visitations », et que nous arrivions à la chapelle avec comme un air de communion fraternelle.
Le 31 mai était jour de fête, à La Clarté comme à Pleumeur, les lieux de mon enfance. Nous allions en procession chantant et admirant au passage chacune des maisons aux fenêtres décorées d’une statue de la Vierge entourée de bougies et de fleurs. Une émotion m’étreint encore en évoquant la fière attente qui était mienne devant le feu de Bengale lancé par mon grand-père lorsque nous arrivions au bourg à hauteur de leur maison. Que de souvenirs liés à cette dévotion enfantine à Marie !
Mais pourquoi le mois de mai est-il associé à la Vierge Marie alors qu’il ne comporte aucune fête mariale, sauf le dernier jour qui célèbre la Visitation et encore seulement depuis 1969 après la réforme liturgique. Avant cette date elle était fêtée le 2 juillet eu égard à l’évangile de Luc qui rapporte que Marie serait restée chez Élisabeth jusqu’à la naissance de Jean-Baptiste, en supposant qu’elle ait prolongé son séjour des huit jours supplémentaires correspondant aux rites de |’imposition du nom.
Faut-il chercher une explication liée à la naissance de Jésus ? Ne serait-elle pas plutôt relative au cycle des saisons puisque – en Europe du moins – le mois de mai est le mois où le printemps se déploie et où les fleurs abondent ?
Dès le 13e siècle le roi de Castille, Alphonse X le Sage (1221-1284), avait associé dans un de ses poèmes, la beauté de Marie à celle du mois de mai. À la fin du 16* siècle, c’est à Rome qu’est née la coutume de consacrer ce mois à la prière mariale avec St Philippe Néri. Mais c’est au 18e siècle, que les Jésuites mirent à l’honneur une célébration familiale du mois de Marie. En 1815 le pape Pie Vll approuva officiellement la pratique de cette dévotion qui se répandit dans l’Église.
Le mois de mai coïncide avec le temps pascal qui ii prend fin le jour de la Pente côte. S’il est une personne qui a accompagné Jésus dans sa mission, c’est bien Marie sa mère, présente du début à la fin. Il est heureux que le Concile Vatican II lui ait redonné sa juste place dans le plan du salut.
La Constitution sur l’Église, Lumen Gentium, nous dit que : « l’Église honore à juste titre d’un culte spécial celle que la grâce de Dieu a faite inférieure à son Fils certes, mais supérieure à tous les anges et à tous les hommes, en raison de son rôle de Mère très Sainte de Dieu et de son association aux mystères du Christ… Tandis que la Mère est honorée, le Fils en qui tout existe (Col 1,15-16) et en qui “il a plu” au Père éternel “de faire résider toute la plénitude” (Col 1,19) est reconnu comme il convient, aimé, glorifié et obéi » (LG n°66).
C’est donc l’initiative de Dieu qu’il s’agit en premier lieu de célébrer et de glorifier. Le « oui » confiant de Marie, prélude du Salut, est pour nous un exemple à suivre. Son association aux mystères glorieux que sont la Résurrection, l’Ascension et la Pentecôte, donne tout son sens au mystère pascal clé de voûte de la liturgie.
Marie par son intimité avec Dieu est première dans l`œuvre du Salut. Cependant notre dévotion enverselle ne doit pas nous tourner uniquement vers sa personne, mais nous conduire au Christ. Elle est celle qui tourne notre regard vers lui et nous met à sa suite en nous disant comme aux serviteurs à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5).