Paroisse de la Bonne Nouvelle

Eclairage – 02/06/2018 – Prier avec ses pieds

De la marche au quotidien aux grands pèlerinages dont les plus connus sont St-jacques de Compostelle et le Tro-Breiz en passant par les chemins empruntés par les pèlerins des pardons de la Clarté, de Tréguier ou d’ailleurs, le fait de décider de marcher oblige avant tout à sortir de chez soi.

Partir en pèlerinage

Ce n’est pas la même chose que de partir en randonnée ou en promenade ! Du latin peregrinus qui signifie étranger, celui qui est d’un autre pays, le pèlerin est celui qui va per ager : de per au-delà et ager champ. Le pèlerin est étymologiquement, celui qui va à travers champs et devient étranger à son pays et à ses habitudes.

Aujourd’hui la marche connaît un regain d’intérêt. C’est un moyen peu onéreux de faire du sport tout en étant une occasion de se ressourcer, de découvrir le patrimoine et de se déconnecter d’un rythme de vie stressant. Mais partir faire une marche fut-elle de plusieurs kilomètres en rentrant le soir chez soi fourbu et heureux, n’est pas du même ressort que de partir en pèlerinage à pieds, de quitter sa maison et ses habitudes pour aller vers un lieu saint en une ou plusieurs étapes !

Un exercice spirituel

Même s’il touche de plus en plus un monde profane en recherche de sens, le pèlerinage est avant tout une manifestation de foi et un exercice spirituel. On ne revient pas d’un pèlerinage comme on parti ! Souvent seul, le pèlerin se pose des questions sur le sens de sa vie et se remet cause. Marcher favorise la flexion et met dans une attitude de disponibilité intérieure favorisant la rencontre avec soi-même, avec ceux que l’on croise sur le chemin, et avec Dieu.

Marcher en pèlerin fait disparaître la foi intellectuelle située dans la tête pour mieux l’ancrer dans le monde, dans les choses simples, dans le silence de la nature, dans les personnes côtoyées, dans l`inattendu de la route.
Marcher en pèlerin c’est vivre la foi par les pieds. Dieu seul est la boussole de celui qui chemine, une boussole qui parle au cœur et fait avancer.

 

Un voyage intérieur

Dans le défi et le dépassement vécus par le pèlerin en rupture avec son quotidien, le voyage est aussi intérieur. ll suffit pour nous en convaincre, de lire les écrits de ceux qui ont eu à cœur de partager le récit de leur chemin et de leur cheminement. Tous décrivent comment petit à petit leur corps tout entier se pacifie malgré les douleurs physiques, comment leur esprit se vide et se libère dans le dépouillement et le lâcher-prise. Les masques tombent pour se retrouver en vérité avec eux-même, avec les autres et avec Celui à la suite de qui ils se sont mis en marche.

Se lever, se mettre debout, partir, marcher, arriver…

Même si mes pèlerinages se résument à quelques processions, me viennent à l’esprit ces psaumes dits « des montées » vers Jérusalem (Psaumes 120 à 134). Chantés par nos frères Juifs lors du pèlerinage vers le Temple de Jérusalem, ils disent que nous sommes tous en pèlerinage vers la Jérusalem nouvelle décrite dans l’Apocalypse de st Jean. (Ap 21, 2)

« Quelle joie quand on m’a dit : Nous irons à la maison du Seigneur !
Maintenant nos pas s’arrêtent devant tes portes Jérusalem. »
(Ps 122, 1-2)

ll me semble que lorsque le but du pèlerinage est atteint, le pèlerin doit éprouver un sentiment proche de celui ressenti à la lecture d’un roman passionnant : une difficulté le quitter et à en connaître la conclusion. Chacun est seul avec l`expérience vécue en profondeur.

Pourtant c’est ici que tout commence puisqu’il faut repartir vers le quotidien, fort de l’expérience vécue sur la route.

Un chemin s’est fait, un autre .chemin s’est créé… ll y a un avant et un après le pèlerinage !