Février… un mois à résonance de lumière, de cierges allumés, de chandeleur, de jour qui gagne sur la nuit, de renaissance, de commencement comme celui du premier jour de la Création : « Que la lumière soit ! Et la lumière fut » (Gn 1, 3).
Une grâce inestimable m’a été donnée de voir ma première lumière du jour en ce mois, mais aussi d’avoir passé la plus grande partie de ma vie au pays de la Clarté et d’une côte lumineuse de granit rose, au pays des phares qui veillent et se mettent au service de ceux qui sont en mer dès que la lumière disparaît à l”horizon. Ils sont nombreux ces doigts de lumière visibles par temps clair du haut de mon tertre !
Comment, dans ce contexte lumineux, ne pas être marquée parla lumière ? Lumière des commencements comme au premier matin du monde : « Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne » (Gn 1,3-4).
Le langage de la Bible n’est pas scientifique, il parle du sens de la vie du peuple de Dieu et de sa foi. Le livre de la Genèse, donc des Commencements, nous dit quelque chose de notre aventure humaine, croyante et chrétienne, il nous dit que dès le commencement un sens a été donné, une relation de confiance a été proposée à l’homme par le Créateur. Toute la Bible s’inscrit dans cette première alliance.
Inspiré d’un mythe babylonien Enuma Elish, ou Épopée de la Création, ce poème dit des sept jours de la Création, a été rédigé en temps de crise, pendant l’Exil à Babylone (66 siècle av. J.-C.) : le peuple hébreu a tout perdu, Dieu semble l’avoir abandonné, le Temple a été détruit, bref, rien ne va plus. Un poème magnifique né dans une période de ténèbres, de détresses et d’interrogations, qui n’est pas sans me faire penser – toute proportion gardée, à l’époque que nous vivons. Comment en ce temps de pandémie qui n’en finit pas, dans un monde où guerres, terrorismes et famines sévissent obligeant à l’exil pour une vie meilleure, où tant de femmes sont bafouées, où des enfants sont victimes de prédateurs sans scrupule dans une Église qui déçoit nombre de ses membres, où la terre qui nous a été confiée est maltraitée ? Oui, dans ce monde-là, comment entendre la voix d’un Dieu dont la première parole fut de nommer la lumière dans un univers de ténèbres ? Comment y être fidèles, nous les hommes et femmes créés à son image, à qui il a confié la gestion de son œuvre et transmis cette parole des commencements ?
« Osons rêver l’avenir » : ce fut le thème de la rencontre des Semaines Sociales de France de novembre 2021, une belle audace en ces temps incertains pour que nous ne cédions pas à la passivité ou à la colère. Notre mission d’humains n’est-elle pas de rendre le monde plus humain et d’agir à notre niveau en sachant que seules la solidarité et la fraternité sauveront notre avenir pour faire de la terre une « maison commune » ? Alors « ces grands phares qui avaient éclairé l’humanité et qui semblent quasiment éteints, la paix, le dialogue, l’œcuménisme, la passion sociale, la justice, la coopération internationale… disait Andréa Riccardi l’un des fondateurs de la communauté Sant’Egidio, brilleront à nouveau pour le plus grand bonheur de tous » : que la lumière soit !