Paroisse de la Bonne Nouvelle

Homélie de Pâques

Jour de Pâques 2023

Dimanche 9 avril 2023, église de Brélévenez

Ac 10, 34a.37-43

Ps 117(118)

Col 3, 1-4

Jn 20, 1-9

Frères et sœurs,
Chers amis,

 

En ce matin de Pâques j’ai eu envie de vous présenter un tableau que j’aime bien. Il est de Matthias Grünewald, un allemand, il a été peint vers 1515. Il est bien d’actualité puisqu’il représente la Résurrection du Christ. On peut le trouver facilement sur Internet. Cette peinture fait partie du Retable d’Issenheim, qui se trouve au Musée Unterlinden à Colmar en Alsace.

 

Matthias Grünewald, vers 1515 Retable d'Issenheim, la Résurrection du Christ

Qu’est-ce qu’on peut dire de ce tableau ? D’abord, il est beau, et il est aussi très célèbre. Ensuite, ce qui se remarque, c’est la tête du Christ, illuminée comme un soleil, la lumière du ressuscité effaçant définitivement la tristesse du Vendredi Saint. En bas de l’image on voit les gardes. L’évangile de Matthieu nous dit que : « les gardes furent bouleversés et devinrent comme morts[1] ». Ils sont à terre, renversés, et ils tournent le dos au Christ. Ils ne peuvent donc pas le voir ressuscité. En arrière plan il y a un énorme rocher : il rappelle celui qui ne ferme plus le sépulcre, car comme le rapporte saint Luc[2], « elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau ». Et surtout, et c’est un élément important, on voit Jésus entrain de monter vers le ciel, et cela je vous en parlerai tout à l’heure.

Pourquoi ai-je souhaité vous montrer ce tableau ? Tout d’abord pour ses couleurs, pour sa beauté, sa force, mais surtout parce qu’il nous parle de ce qu’est ce temps fort, central pour notre foi, et qu’on célèbre en ce dimanche de Pâques : la Résurrection. Aucun évangéliste ne la raconte et dans l’évangile de saint Jean que nous venons de lire, on passe directement de la mise au tombeau, à Marie-Madeleine qui découvre le tombeau ouvert et vide[3]. Elle sera la première à annoncer Jésus ressuscité, avant même les apôtres. Elle verra et reconnaîtra Jésus dans le passage d’évangile qui suit celui que nous venons de lire ce matin[4].

Notre foi est basée sur un événement que personne n’a vu, même pas les gardes, et c’est un évènement extraordinaire qui a bouleversé le monde depuis près de 2000 ans. Beaucoup d’artistes ont peint la résurrection de Jésus et il en existe des représentations différentes. Celle peinte par Matthias Grünewald n’est pas traditionnelle : on montre généralement le Christ entrain d’enjamber le tombeau, ou bien se tenant à proximité du sarcophage ou sur son couvercle. Ici, le Christ ressuscité s’élève dans le ciel : la Résurrection et l’Ascension sont résumées en une seule image. Elle raconte en même temps
Jésus vainqueur de la mort remontant vers son Père et, comme le jour de
l’Ascension, annonçant la venue de l’Esprit Saint sur le monde. C’est comme
s’il y avait trois temps dans l’événement « résurrection du Christ ».
Pourquoi trois temps puisque j’en ai seulement cité deux ?

 

 

Le premier temps c’est le matin de Pâques lui-même, l’événement touche peu de monde, surtout les apôtres qui en ont été durablement marqués, et des femmes de l’entourage de Jésus, devenu Jésus-Christ par sa résurrection.

Le deuxième temps, qui est annoncé par l’Ascension, c’est à la Pentecôte où Pierre témoigne du Christ ressuscité et harangue la foule, une foule venue de tous les pays. Chacun entend Pierre dans sa langue, marquant ainsi l’universalité de la résurrection du Christ venu pour tous les hommes et les femmes de cette terre. La première lecture des Actes des Apôtres, racontant la rencontre de Pierre et d’un centurion de l’armée romaine, s’inscrit dans la suite de la Pentecôte avec aussi cette ouverture aux païens.

Le troisième temps c’est ici et maintenant, il nous concerne. Nous pouvons nous poser la question : qu’est-ce que cette résurrection me dit, qu’implique-t-elle dans ma vie ? Ce tableau de Grünewald peut nous porter à la méditation, mais dois-je pour autant rester en adoration en méditant sur le mystère pascal  ou bien me réveiller comme le Christ me le demande ? Adorer c’est bien mais faut-il en rester là ? En grec, le mot résurrection se dit egeiren et ce mot veut dire aussi réveiller, se lever. Je me pose la question : le mystère pascal me réveille-t-il ? M’invite-t-il à mettre le Christ ressuscité au cœur de ma vie pour aller dans le monde et vers mes frères et mes sœurs ? C’est bien sûr à moi et, du coup, à chacun de nous trouver la façon de faire, mais si nous pensons réellement à ce que représente cet instant, nous devrions avoir la tête qui rayonne, comme sur le tableau. C’est en tout cas ce que je souhaite à ces enfants qui vont être baptisés aujourd’hui.

C’est bien sûr une image et, comme un beau bouquet de Pâques, elle peut nous faire passer du visible à l’invisible. Mais cette image s’adresse à nous, chrétiens de toutes confessions : en effet nous croyons tous au Christ ressuscité et c’est à nous de proclamer, ici et maintenant, que le mal et la mort ne sont pas la fin du tout. Dans les Églises orientales, on se salue  le jour de Pâques par l’expression « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! ». Dans le contexte de notre monde perturbé je vais essayer de vous le dire en ukrainien pour nous rappeler une tragédie hélas bien actuelle, même si ce n’est pas la seule (et vous me pardonnerez mon accent) :  « Христос воскрес, воістину воскрес »  (Prononciation : Khristos voskres, voïstinou voskres), « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! »

Amen !

[1]Mt 28, 4.

[1]Lc 24, 2.

[1]Jn 20, 8-12.

[1]Jn 20, 11-18.