Paroisse de la Bonne Nouvelle

Il est grand le mystère de la foi

« Au risque de croire » : c’est le titre d’une série de livrets écrits par Jacques Lacourt vers 1980. Trois siècles auparavant, Pascal philosophe renommé, misait lui sur « le pari de la foi ». Et nous chrétiens nous proclamons à chaque eucharistie qu’il est grand « le mystère de la foi. »
Alors, la foi, un risque, un pari, un mystère ?

À la question souvent posée sur ma foi, il m’arrive de répondre que je suis tombée dans la marmite dès mon enfance, comme Obélix dans la potion magique. Cette foi m’accompagne depuis toujours et reste une évidence, même si elle connaît parfois des doutes et des remises en question. Est-ce une chance ? J’avoue que la démarche des trente catéchumènes qui vont être baptisés à Pâques dans le diocèse m’interroge, parce que mon identité chrétienne résulte plus d’un héritage que d’une recherche personnelle. Je me demande si aujourd’hui, dans notre contexte ecclésial, j’aurais fait le choix d’être chrétienne en pensant que la foi en Jésus le Christ est une chance pour moi. Ma vie de baptisée est-elle tournée vers la tranquillité ou le risque ? Que signifie pour moi avoir la foi ?

Qui donc est Dieu?

Qui donc est-il, Celui en qui je mets ma confiance et que prient les habitants de deux pays frères en guerre ? Comment faire confiance ? Comment croire au « N’ayez pas peur » qui revient 365 fois dans la Bible ? N’ayez pas peur, ayez confiance ! Voilà l’espérance dont le monde a besoin et qui trouve sa racine au cœur de notre foi, celle que nous proclamons à chaque Eucharistie en chantant que son mystère est grand !

La foi un mystère ? Le mystère c’est ce qu’on n’a jamais fini de découvrir. Nous proclamons le mystère de la foi par fidélité à la mémoire du dernier repas de Jésus avec ses amis. Faire mémoire, c’est empêcher l’amnésie, le sens même du mot « anamnèse ». En la proclamant au cœur de l’Eucharistie, nous proclamons aussi le fondement de notre foi et toute l’œuvre du Salut réalisé en Jésus-Christ, puisque « nous annonçons sa mort, nous proclamons sa résurrection et nous attendons son retour dans la gloire. »

La foi un risque ? Oui, parce qu’elle nous oblige à sortir de nous, n’est pas que des paroles, des prières, des messes. La foi ne fait pas de nous des rêveurs mais des personnes vivant dans le concret de leur vie la parole de Matthieu 25 : « J’avais faim et tu m’as donné à manger, j’étais malade, seul, en prison, et tu m’as visité… » Cette parabole me ramène à une autre, celle du Grand Inquisiteur dans Les frères Karamazov de Dostoïevski : nn jour Jésus décide de descendre sur terre pour visiter ses enfants qui le reconnaissent et l’accueillent, il les bénit, les guérit, ressuscite une fillette. Passe le cardinal Grand Inquisiteur qui ordonne aux gardes de le saisir. Le peuple, habitué à obéir, laisse faire. Le cardinal va voir Jésus en prison et lui demande : « Pourquoi es-tu venu nous déranger ? » il l’accuse d’avoir infligé à l’espèce humaine le fardeau de la liberté et veut le faire brûler. L’Église et les hommes n’ont plus besoin de lui dit-il, et son retour n’est pas le bienvenu. Il ne veut pas le laisser à nouveau « déranger » par un discours perturbateur pour l’Église et l’humanité et cherche à remplacer la liberté de la foi par une foi imposée par la peur.

La foi, un pari ? Contrairement au raisonnement de Pascal, je ne veux pas croire en Dieu parce que c’est plus avantageux que de ne pas y croire. Je crois que la foi est une chance même si elle n’est pas toujours évidente. On ne peut pas obliger quelqu’un à croire, comme disait Bernadette de Lourdes à son curé. La foi se donne à un Dieu qui nous rejoint dans une relation d’amour.

Adhérer au mystère de la foi c’est choisir en toute liberté et personnellement de dire « je crois », c’est accepter d’être dérangé et bousculé par l’actualité et l’évènement qui nous arrachent à nos certitudes, c’est accepter de vivre de la Parole de Jésus dans l’Évangile et de larguer ses amarres pour avancer au large. Quel serait notre salut si le Fils de l’homme n’avait pas pris le pari de tous les risques ?
« Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine ». (1Cor 15, 14)
Mais… Christ est ressuscité ! Alléluia !