Au départ, les premières communautés chrétiennes ont eu la certitude que Jésus était ressuscité, et elles ont commencé à réfléchir sur la vie, la prédication et la mort de Jésus, comme le montre la phrase de Jean :
« Au premier moment ses disciples ne comprirent pas ce qui arrivait, mais lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent que cela avait été écrit à son sujet »
(Jn 12, 16a)
Les psaumes, comme relecture du passé par des croyants ont eu un impact important dans cette prise de conscience.
Avant le Christ, la réalisation du dessein de Dieu dans les psaumes se situait dans le passé, dans le vécu du psalmiste, du juste persécuté par exemple qui exprimait son angoisse, sa détresse, sa confiance. Un croyant lisant ce psaume à une autre époque faisait sienne la supplication et la louange du rédacteur, par analogie avec sa propre situation.
En relisant, entre autre, le psaume 22 (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné …
), la communauté reconnaît dans Jésus l’accomplissement de la situation décrite par le psaume :
Le psaume est relu et actualisé dans les Actes des Apôtres, chapitre 4. Le contexte : Pierre et Jean ont été relâchés après leur arrestation à la Pentecôte et ils prient.
1Pourquoi ces nations qui remuent, ces peuples qui murmurent en vain ? 2 Des rois de la terre s’insurgent, des princes conspirent contre Yahvé et contre son Messie.
Ps 2, 1-2
Ce psaume est cité par Pierre dans Ac 4, 25-26 :
25[c’est]…toi qui as mis par l’Esprit Saint ces paroles dans la bouche de notre père David, ton serviteur : Pourquoi donc ces grondements des nations et ces vaines entreprises des peuples ? 26 Les rois de la terre se sont rapprochés et les chefs se sont assemblés pour ne faire plus qu’un contre le Seigneur et contre son Oint.
Ac 4, 25-26
Dans le psaume, il y a conspiration des rois de la terre contre Yahvé et contre son Messie, c’est-à-dire l’oint de Dieu, le roi d’Israël dans le psaume.
Pierre rapporte cette situation à ce qu’a vécu le Christ, pris comme modèle de l’Oint de Dieu :
27Oui, ils se sont vraiment assemblés en cette ville, Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, contre Jésus, ton saint serviteur, que tu avais oint. 28 Ils ont ainsi réalisé tous les desseins que ta main et ta volonté avaient établis.
Ac 4, 27-28
Le présent est celui de Pierre et de Jean qui viennent d’être arrêté car ils témoignaient du Christ. Les menaces contre la jeune communauté sont analogues à celles qui étaient proférées contre le Roi d’Israël puis le Christ.
29Et maintenant, Seigneur, sois attentif à leurs menaces et accorde à tes serviteurs de dire ta Parole avec une entière assurance. 30Étends donc la main pour que se produisent des guérisons, des signes et des prodiges par le nom de Jésus, ton saint serviteur.
Ac 4, 29-30
Comment les psaumes ont-ils aidé les premiers chrétiens à passer de l’humanité de Jésus à sa divinité ?
Trois éléments sont à prendre en compte :
La mort et la résurrection du Christ ont été perçues très vite comme inséparables par les premières communautés, comme dans le plus ancien crédo qui nous soit parvenu ()
3Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, 4 qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures.
1 Co 15, 3-5
Quels psaumes ont été appliqués à la foi à la mort et à la résurrection ?
Deux aspects de la mort sont à prendre en considération : la mort vue comme un anéantissement et la mort vue comme un rejet.
La mort est vue comme l’anéantissement final, et Dieu n’a pas pu laisser mourir son « saint » et le ressuscite. « Tu ne peux laisser ton ami voir la corruption » (Ps 16, 9-10)
:
9Aussi mon cœur se réjouit, mon âme exulte et ma chair demeure en sûreté,10car tu ne m’abandonnes pas aux enfers, tu ne laisses pas ton fidèle voir la fosse.
La Septante (la Bible grecque) traduit le verset 10 :
…tu ne laisseras pas ton saint voir la décomposition.
C’est sous cette forme qu’on le trouve dans les Actes des Apôtres :
mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir.
C’est pourquoi, il dit aussi dans un autre passage : Tu ne laisseras pas ton Saint connaître la décomposition.
Jésus a été rejeté par les hommes, mais Dieu l’a ressuscité. Pierre répond au Sanhédrin en Ac 4, 10-11 :
10Sachez-le donc, vous tous et tout le peuple d’Israël, c’est par le nom de Jésus Christ le Nazôréen,crucifié par vous, ressuscité des morts par Dieu, c’est grâce à lui que cet homme se trouve là, devant vous, guéri. 11C’est lui, la pierre que vous, les bâtisseurs, aviez mise au rebut : elle est devenue la pierre angulaire.
C’est une citation du psaume 118, 22 : La pierre que les maçons ont rejetée est devenue la pierre angulaire.
Ps 110, 2 : Oracle du Seigneur à mon Seigneur : « Siège à ma droite,… ».
C’est le psaume que Nouveau Testament met en rapport avec le Christ. Ce psaume au départ s’adresse au Roi d’Israël. Si le Christ est intronisé à la droite de Dieu, il exerce la souveraineté, il est Seigneur . La résurrection de Jésus ne l’a pas seulement sorti de la mort mais il l’a fait entrer dans la gloire de Dieu, on parle d’exaltation. Le Christ est à la droite de Dieu, il partage sa vie, la condition et le règne de celui dont la puissance l’a fait surgir de la mort.
On trouve une trace de cette exaltation dans les épitres, par exemple :
il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom.
Qu’est devenu le Christ ressuscité dont on dit qu’il est toujours vivant ?
À l’époque, personne n’attendait un Messie souffrant, et cette mort apparaissait maudite, en contradiction avec le dessein de Dieu : le pendu est une malédiction de Dieu (Dt 21, 23). Mais à la résurrection, cette mort a été vue comme une intervention de Dieu en faveur de Jésus.
C’est ce que professe saint Paul :
Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais reçu moi-même : Christ est mort pour nos péchés , selon les Écritures.
Les conceptions du Messie au temps de Jésus étaient parfois divergentes, mais reconnaître dans la résurrection de Jésus l’intervention finale de Dieu, c’était reconnaître l’arrivée des temps messianiques, et donc reconnaître l’identité profonde de Jésus. Pour l’exprimer on a reporté sur lui les titres que l’espérance juive avait mis sur le Messie tant attendu :
Le mot Christ vient du grec Christos, l’« oint », mashiah en hébreu, celui qui a reçu l’onction, réservée aux Rois d’Israël. On rencontre le verbe mashah (oindre) ou le mot mashiah une douzaine de fois dans les psaumes, toujours appliqué à David ou au roi d’Israël descendant de David, comme par exemple : Ps 89, 21 : J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte.
Le psaume 45 est cité par la lettre aux Hébreux et appliqué au Christ. Le psaume parle d’un roi anonyme mais l’applique au Christ ressuscité :
Ps 45, 7 : 7 O DIEU, ton trône est éternel, ton sceptre royal est un sceptre de droiture.
Puis il enchaîne en présentant comme oint celui que Dieu a établit comme roi.
Ps 45, 8 : 8 Tu aimes la justice, tu détestes le mal, aussi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, de préférence à tes compagnons.
Le psaume 2 parle de la conspiration contre le Messie : Ps 2, 2 : 2 Les rois de la terre s’insurgent et les grands conspirent entre eux, contre le Seigneur et contre son messie.
Il affirme aussi la qualité de « fils » du roi qui a été oint, du roi messie : Ps 2, 6-7 : 6 Moi, j’ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte. 7 Je publierai le décret : le Seigneur m’a dit : » Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».
Ces passages sont à mettre en rapport avec un verset des Actes (Ac 4, 27) : Oui, ils se sont vraiment assemblés en cette ville, Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, contre Jésus, ton saint serviteur, que tu avais oint.
Celui qui a été combattu par Pilate, Hérode et les puissants a été oint par Dieu et est donc le Christ, le Messie.
Depuis très longtemps, on attendait un Messie descendant de David, les attestations sont nombreuses dans le Premier Testament : oracles de Nathan (2 S 7, 12-16), Isaïe… Mais on attendait un Messie glorieux et puissant.
Ps 132, 10-11 : 10 À cause de David ton serviteur, n’écarte pas la face de ton messie. 11 Yahvé l’a juré à David, vérité dont jamais il ne s’écarte : « C’est le fruit sorti de tes entrailles que je mettrai sur le trône fait pour toi… » .
L’exaltation de Jésus permet de voir en lui le descendant dont parlait le psaume 132.
Rm 1, 2-4 : 2 Cet Evangile, qu’il avait déjà promis par ses prophètes dans les Ecritures saintes, 3 concerne son Fils, issu selon la chair de la lignée de David,4 établi, selon l’Esprit Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa Résurrection d’entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur.
La citation précédente de l’épitre aux Romains de Paul proclame Jésus Fils de Dieu :
Rm 1, 2-4 : 2 Cet Évangile, qu’il avait déjà promis par ses prophètes dans les Ecritures saintes, 3 concerne son Fils, issu selon la chair de la lignée de David, 4 établi, selon l’Esprit Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa Résurrection d’entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur.
Il n’y a pas de texte qui témoigne clairement que le Messie est Fils de Dieu, appellation du Premier Testament différente de ce que nous entendons aujourd’hui. Mais le Psaume 2 dit au verset 7 : _Ps 2, 7 : 7 Je publierai le décret : le Seigneur m’a dit : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».
Repris par Paul à Antioche de Pisidie en Ac 13, 33 : 33 Dieu l’a pleinement accomplie à l’égard de nous, leurs enfants, quand il a ressuscité Jésus, comme il est écrit au psaume second : Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.
C’est aussi la lettre aux Hébreux, un texte très théologique : le Christ exalté à la droite de Dieu, a hérité d’un nom supérieur aux anges, celui de fils, puis l’auteur déclare que ce Fils est Messie et ce Messie Dieu, partir du psaume 45, versets 7 et 8 qui est un des rares textes du Premier Testament qui confère le titre de Dieu à un autre personnage que Yavhé :
Ps 45, 7-8 : 7 Ô DIEU, ton trône est éternel, ton sceptre royal est un sceptre de droiture. 8 Tu aimes la justice, tu détestes le mal, aussi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, de préférence à tes compagnons.
Il y a une vingtaine de références à une dizaine de psaumes. De toutes les références au Premier Testament dans les récits de la Passion, ce sont les psaumes les plus fréquemment cités. Ces citations sont concentrées surtout dans les récits sur la croix et la mort de Jésus.
Les psaumes 22 et 69 sont très cités :
Psaume | Mt | Mc | Lc | Jn | |
---|---|---|---|---|---|
Complot contre Jésus | Ps 2,2 ou 31, 14 Rassemblement des chefs | 26,3 | |||
Annonce de la trahison de Juda | Ps 41, 10 Un qui mange avec moi | 14,8 | 13,8 | ||
Ps 64, 4 Haï sans raison | 15,25 | ||||
Gethsémani | Ps 42, 6 Mon âme est triste | 26, 38 | 14, 34 | ||
Ps 42, 7 | 12, 27 | ||||
Jésus devant le Sanhédrin | Ps 110, 1 Assis à la droite… | 26, 4 | 14, 64 | 22, 69 | |
Sur la croix jusqu’à la mort | Ps 69, 22 Le fiel | 27, 34 | |||
Ps 22, 19 Partage des habits | 27, 35 | 15, 24 | 23, 34 | 19, 24 | |
Ps 22, 8 Hochements de tête | 27, 39 | 15, 29 | |||
Ps 22, 8 Moqueries | 23, 35 | ||||
Ps 22, 9 Il a compté pour Dieu | 27, 43 | ||||
Ps 22, 2 Mon Dieu, pourquoi… | 27, 46 | 15, 34 | |||
Ps 22, 16 ou 69, 22 J’ai soif | 19, 28 | ||||
Ps 69, 22 Boisson | 27, 48 | 15, 36 | |||
Ps 31, 6 Entre tes mains | 23, 46 | ||||
Sur la croix, après la mort | Ps 38, 12 Familiers à distance | 23, 49 | |||
Ps 34, 2 Aucun os brisé | 19, 36 |
En gras : allusion ou citation mise dans la bouche de Jésus (Source : Cahier Evangile n°25).
Le verset 19 du psaume 22 sur la partage des habits est le seul verset du Premier testament commun aux synoptiques et à Jean.
Ces récits se proposent de montrer l’accomplissement du dessein de Dieu et de proclamer l’identité de celui par qui le dessein se réalise. Les psaumes auxquels renvient ces récits sont des psaumes de supplication individuels et montrer dans l’expérience de la mort et de la souffrance de Jésus l’accomplissement des psaumes de supplication c’est répondre à la question : Qui est Jésus ?
Jésus est le juste humilié, l’innocent maltraité injustement. On fera la différence avec les psaumes royaux que nous avons vu auparavant et qui ont révélé l’exaltation de Jésus auprès de son père. Ce n’est pas incompatible comme le montre cet hymne primitive de l’Église :
7 Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable auxhommes, et, reconnu à son aspect comme un homme, 8 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. 9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom.
Ph 2, 7-9
Les récits évangéliques ne sont pas de biographies au sens ou nous l’entendons, ce sont surtout des témoignages de foi, écrit après la résurrection. Le témoigne de ces croyants ne vise pas à rapporter les événements pour eux-mêmes mais à traduire leur signification profonde pour les premières communautés de chrétiens.
Par exemple pour le bref épisode du partage des vêtements, à partir d’un fait historique, une coutume qui consistait à se partager les vêtements d’un condamné, les récits évangéliques en font une lecture théologique en assimilant Jésus à l’innocent persécuté dont parle psaume. De même l’épisode du vinaigre (Matthieu, Marc et Jean) ou le bris des os du condamné à partir de faits réels, les récits refont une lecture des textes des psaumes qu’ils connaissaient.
Les premiers chrétiens ont compris que Jésus ressuscité était le Messie annoncé, qu’il partage la gloire et la condition divine. Ils ont relus son existence antérieure. Cet homme qu’on croyait maintenant Seigneur et Christ par sa résurrection était-il le Verbe éternel de Dieu ?
Trois séries d’attestations de psaumes sont à considérer :
On retrouve ce verset dans l’épisode où Jésus chasse les vendeurs du Temple. C’est uneréférence au psaume 69, verset 10 : Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : Le zèle de ta maison me dévorera
. L’action de Jésus est mise en relation avec sa mort à venir. Il est intéressant de noter que les versets qui suivent parlent de la reconstruction du Temple, que Jean interprète en rapport avec la résurrection : un épisode de la vie de Jésus annonce le mystère pascal.
Jésus lui-même dit que sa prédication en paraboles est faire pour que s’accomplissent ce qui a été dit par les prophètes :
34 Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans paraboles, 35 afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par le prophète : J’ouvrirai la bouche pour dire des paraboles
(Mt 13, 34-35).
C’est le seul passage en ce sens qui fasse appel à un psaume, c’est le psaume 78, verset 2 : 2 Je vais ouvrir la bouche pour une parabole et dégager les leçons du passé.
Les premiers chrétiens se sont dit : ce que ce Jésus a dit et fait, c’est bien ce qui est arrivé.
La référence aux psaumes est dans l’événement lui-même.
Les deux récits, cités dans les trois synoptiques, nous rapportent une manifestation divine. Le baptême
17Et voici qu’une voix venant des cieux disait : » Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir.<:quote> (Mt 3 , 17)
11Et des cieux vint une voix : « Tu es mon Fils bien aimé, il m’a plu de te choisir. »(Mc 1, 11)3’’Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré.’’(Lc 3, 22) La transfiguration
5…Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir (Mt 17,5b)_ 6Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le !(Mc 9,6)
35Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai élu, écoutez-le(Lc 9, 35)
C’est le verset 7 du psaume 2 : le Seigneur m’a dit : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».
Cette phrase se retrouve dans la bouche de Paul, toujours à Antioche de Pisidie, en rapport avec la résurrection :< quote> « Dieu l’a pleinement accomplie à l’égard de nous, leurs enfants, quand il a ressuscité Jésus, comme il est écrit au psaume second : Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré »
(Ac 13, 33)
Jésus est proclamé Fils de Dieu lors de son baptême, lors de son exaltation lors de la Transfiguration et lors de sa résurrection.
Le récit des trois tentations (Mt 4, 1-11, Mc 1, 12-13, Lc 4, 1-13) fait intervenir un dialogue entre le diable et Jésus constitué de références à l’Écriture. Les tentations auxquelles avait succombé le peuple sont celles auxquelles est confronté Jésus au début de son ministère.
Le psaume cité est le psaume 91 (versets 11 et 12) :
11car il chargera ses anges de te garder en tous tes chemins. 12Ils te porteront dans leurs bras pour que ton pied ne heurte pas de pierre.
Cette phrase ne vise pas précisément le Messie mais tout israélite qui n’attende le secours que de Dieu. La fin de l’histoire chez Matthieu montre que les anges s’approchent et servent Jésus :Alors le diable le laisse et voici que les anges s’approchent et ils le servaient
(Mt 4,11). On retrouve là la foi de l’évangéliste.
Pour terminer on peut citer la lettre aux Hébreux. Dans deux passages, les psaumes cités se rapportent non pas à un événement particulier de la vie de Jésus mais à toute sa vie.
La lettre aux Philippiens exprime le sens de la vie de Jésus : il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix
(Ph 2, 8). On retrouve cela dans He 10, 5-9 où l’auteur attribue au Christ les versets 6-8 du psaume 40 : 6 Qu’ils sont grands, Seigneur mon Dieu, les projets et les miracles que tu as faits pour nous ! Tu n’as pas d’égal. Je voudrais l’annoncer, le répéter, mais il y en a trop à dire. 7 Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, – tu m’as creusé des oreilles pour entendre – tu n’as demandé ni holocauste ni expiation. 8 Alors j’ai dit : » Voici, je viens avec le rouleau d’un livre écrit pour moi.
Dans le 2e passage, l’auteur insiste sur le fait que le Christ est braiment devenu semblable aux hommes. En conséquence, il a dû devenir en tout semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple. (He 2, 17). Il fait référence au psaume 22 verset 23 : Je vais redire ton nom à mes frères et te louer en pleine assemblée.
À partir de la résurrection dont elles étaient convaincues, les premières communautés chrétiennes n’ont cessé de se référer aux textes qu’elles connaissaient parfaitement, et de les relire. Elles y ont trouvé de quoi vivifier leur foi et de mieux comprendre qui était ce Jésus, ressuscité, assis à la droite de Dieu, le Messie, mort pour nos péchés après avoir vécu notre condition humaine.
Formatrice en liturgie et en études bibliques