À l’issue d’une messe à Servel, nous avons retenu un moment Sœur Kizito, dont beaucoup connaissent l’humeur joviale et le regard radieux. Après seize années passées à la Communauté des Orantes à Pleumeur-Bodou, celle qui a demandé à rejoindre son pays, sa culture et sa famille, si nombreuse que certains de ses membres lui sont inconnus, ne peut s’empêcher de d’éprouver un pincement au cœur. Bien sûr en Côtes d’Armor « il fait un peu froid l’hiver » ; mais à la longue, on s’habitue.
Au Congo, tout est différent. C’est un autre climat ; c’est aussi un pays qui donne « tout à profusion« . C’est au champ qu’on va chercher ce qui fera l’objet du prochain repas. Certes le Congo est en guerre, mais beaucoup de « ceux qui avaient fui commencent à revenir« . Le pays veut se relever.
De Pleumeur, elle garde au cœur une « Madame Chantal » et le catéchisme partagé, Irène et les animatrices avec lesquelles les échanges ont été fructueux. Elle nous a confié son admiration pour nos prêtres, dont « la foi très profonde, très intérieure, ancestrale » l’a touchée en ces temps où notre église s’étiole. Elle mentionne la ferveur des enfants, les retraites marquantes à Tressaint ; elle se rappelle Alice Busson ; cite Yves-Clarisse sous l’impulsion duquel l’adoration chez les Orantes s’est propagée à Saint-Jean. Elle n’a pas encore de projets : pour savoir ce qui l’attend, elle doit d’abord être sur place.
Là-bas, au Congo, la messe vide toutes les maisons et dure des heures : « Le dimanche, on n’a pas faim« , conclut-elle. Une déclaration qui nous laisse rêveuses : que nous reste-t-il, à nous, de la Foi vibrante et fidèle de nos ancêtres ?
Propos recueillis et transcrits par Brigitte Le Garlantézec et Florence Levené