Je présidais ce soir-là la célébration dominicale. Assis dans le fond de l’église, je m’apprêtais à remonter l’allée centrale, attendant les derniers réglages de nos amis musiciens, et j’écoutais… le bruissement discret ressemblait au bruit que fait le vent dans les feuillages, ou peut-être un vol d’étourneaux ?… Une douce rumeur faite des échanges des paroissiens assis sur les bancs : « Et comment va le petit ? » – « Quelles nouvelles de vos parents ? » – « Vous avez passé de bonnes vacances ? »… Il m’a semblé que la messe avait déjà commencé, et que j’aurais pu attendre ainsi, longtemps, au fond de l’église.
A ce moment, j’ai pensé que Dieu devait être heureux de nos bruissements familiaux et amicaux. A sa manière, il en était témoin !
C’est ainsi que je me fais l’idée de la célébration. Entrer dans la présence de Dieu commence par se rendre présents les uns.es aux autres. C’est au cœur d’un repas que le Christ a donné aux disciples le signe du pain et du vin, pour qu’ils le retrouvent après, par-delà la mort ! Quoi de plus humain qu’un repas ? C’est bien au cœur de notre vie humaine que Dieu a plongé, pour s’en imprégner et s’en trouver… transformé. Ce que nous appelons le ‘mystère de l’incarnation’.
Aussi, lorsque nous prions, commençons par lui amener tout ce qui constitue notre vie du moment, « nos joies et nos espoirs, nos tristesses et nos angoisses », pour qu’elles deviennent siennes. C’est la condition pour recevoir sa vie en abondance, à la mesure dont nous lui aurons confié la nôtre !
La célébration du coup, devient l’espace de résonnance de notre existence entrelacée à celle de Dieu. Et lorsque le prêtre soulève le pain, « fruit de la terre et du travail des humains », c’est toute notre vie qu’il soulève devant Dieu, pour qu’Il en fasse le pain offert au monde, corps du Christ.
Il nous revient alors de rendre grâce, sans cesse, de le remercier de nous avoir ainsi placés à l’intervalle entre le Ciel et le Monde. Tel le ‘trait de Jupiter’, technique des charpentiers qui réunit deux morceaux de bois pour n’en faire qu’une seule pièce, nous sommes le ‘trait de Jupiter’ du Seigneur, quand Il veut révéler au monde l’immensité de son amour pour lui.