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La parole de Dieu incarnée

Liturgie de la Parole à Saint-Yves - 6 février 2021

Dimanche de la Santé – Trois témoignages
par Marie-Pierre Jain, Blandine Rospars, Etienne Melot

Sommaire

Témoignage d’Étienne Mélot, médecin

Je suis Étienne Mélot, médecin généraliste. Il nous a été demandé de témoigner en tant que soignant chrétien.

De ce que je vois actuellement, je constate une épreuve à différents niveaux pour différentes situations. Il n’est pas forcément évident en tant que médecin d’accompagner plusieurs patients, jeunes ou moins jeunes, s’inquiétant de réalités différentes, l’avenir notamment, encore ce matin à propos de la durée de la crise par exemple, et pouvoir tenir financièrement dans la durée. De savoir si l’emploi allait redémarrer. Continuer à accueillir des étudiants et les former dans ces situations particulières.

Il n’est pas évident de rentrer tard en tant que mari et père de famille, de se déshabiller dehors, ne pas embrasser sa famille courir se doucher. Rassurer tout le monde. Continuer le soir tard à se mettre à jour des différentes données scientifiques et réapprendre sans cesse des erreurs commises et mes progrès également. Ne dormir que 4 à 5 heures, se lever et recommencer. En tant que chrétien, il me semble que Job résume bien la situation tant des patients que des soignants : « Le soir n’en finit pas, je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube. » (Jb7,6 Job) après avoir perdu femme enfants et tout ce qu’il possédait se plaint du silence de Dieu.

Oui, c’est un super témoignage porté sur la confiance et l’espérance, vous avez bien fait de venir ! Qu’en est-il donc de la confiance et de l’espérance ? Car en effet, je crois que le plus gros cauchemar tant du médecin qui vous parle que de l’être humain, voir des patients, sans pour autant me mettre à leur place, c’est le manque d’espérance et de confiance.

Espérance dans l’avenir. Espérance dans l’accompagnement de fin de vie de qualité que nous pourrions donner encore ou non par exemple. La vie continue, les cancers aussi et tout leur lot de solitude et questionnement que cela génère et qu’il faut prendre en charge. À la sortie du 1°’ confinement, j’ai 9 hospitalisations en 1 semaine, 5 le mercredi, 4 le vendredi.

Habituellement, c’est 1 à 2 par mois. Ces personnes n’avaient pas osé consulter. Encore cette semaine, nous avons continué les prises en charge de 3 de ces 9 hospitalisations. Il y a eu aussi ces tentatives de suicides, échouées heureusement, chez 2 adolescents que je suis, l’alcoolisme débuté d’un autre, les coups reçus par d’autres encore.

La confiance dans le fait qu’un jour ceci prenne fin, qu’un traitement curatif arrive. Le traitement préventif est là. La confiance revient. L’espérance aussi. Il faut cependant veiller et guetter. Beaucoup de patience et de pédagogie sont nécessaires pour mettre fin aux tentatives de désespérance. Car les vaccins marchent, non, il ne sont pas sans risque et ne sont pas tout à fait sans recul. Oui, il faut en parler. Et comme je tiens à vous, non je ne vous prescrirai pas hydroxychloroquine / azithromycine / ivermectine ou colchicine. Trop de personnes tiennent à guérir leur égo blessé à la lumière des médias. Job a trouvé un autre moyen. « Le soir n’en finit pas, je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube. » (Jb 7,6) Job finit à la fin de ce conte par se tourner de nouveau vers Dieu et retrouver femme enfant foi bonheur et joie malgré tout ce qu’il avait subi. Comment a-t-il fait ? C’est Jean Lévêque dans son commentaire du livre de Job qui m’a aidé durant mes études et face aux situations difficiles encore rencontrées.

Je vous la livre et finis avec ceci :«  La blessure ouverte en nous parle silence de Dieu n’est autre que l’espérance. Et de cette blessure-là, il a accepté de ne pas guérir » (Jean LévêqueJob le livre et le message, Cerf, 2007, p.62)

Témoignage de Marie-Pierre Jain, visiteuse de malades

e me présente, je suis Marie-Pierre Jain. Je me suis engagée à l’aumônerie de l’Hôpital et je visite un service chaque semaine depuis quatre ans (actuellement mesure sanitaire).

Les visites que j’effectue auprès des patients sont uniquement des temps d’écoute.
Nous participons à des formations annuelles pour acquérir quelques compétences.
Notre qualité d’écoutant est de permettre aux personnes visitées de se sentir mieux après la rencontre.
Nous éprouvons souvent le besoin de partager en équipe pour évacuer nos émotions. Le bureau de notre aumônier est toujours ouvert pour nous ainsi que la chapelle.

Des temps de relecture pastorale de nos visites se font à la lumière de l’évangile.
Ils sont programmés environ toutes les six semaines.
Nous avons en tant que visiteur à relater par écrit une rencontre qui nous a sensibilisés et que nous souhaitons partager en équipe.

Mon engagement à Kergomar ne s’est pas fait par hasard mais pour répondre a un appel !
Je suis hospitalière à Lourdes depuis vingt-cinq ans et lors de la cérémonie de titularisation , il est écrit : « Pour mieux répondre , je me consacre par vos mains à votre fils Jésus et Rendez-moi docile à son Esprit ».

J ’ai également eu la possibilité de travailler à temps partiel et j ’ai rejoint l’équipe du service évangélique des malades de ma paroisse.

Oui, les résidents du 3e étage de l’EHPAD me sont devenus très chers et c’est avec empressement que je me rends auprès d’eux un samedi sur deux ( avec la période troublée actuelle, ce n’est plus possible).

Nous proposons et accompagnons les résidents qui le souhaitent ou quand leur santé le permet à nous rejoindre pour la messe.
Le personnel soignant leur a communiqué l’information et ils sont en attente pour y venir !
Cette célébration de la parole permet à chacun de revivre ensemble des temps fraternels et de partage en église.

Il est important que nous puissions continuer à servir nos aînés dans la foi pour mettre en pratique la Bonne Nouvelle.

Ce que nous vivons là personnellement nous est donné au bénéfice du Corps du Christ et bien au delà !

J’ai un réseau d’amis qui sont des anciens de la paroisse de la Bonne Nouvelle et que je rencontre régulièrement à leur domicile.
Ce sont des fidèles qui étaient très présents dans le service de leurs frères et sœurs en Christ (choriste, sacristine, fleurissement) et qu’on ne voit plus à l’église. Ce sont des personnes positives qui apportent de la luminosité au cœur par leur accueil et leur sourire et également par le timbre de leur voix.
Je partage des moments conviviaux, j’aime prendre le café et les gâteaux avec ces dames et je l’accepte avec attente et plaisir.
J’écoute et j’échange sur le temps qui a passé bien trop vite pour nous tous !
Je me rends disponible pour l’accompagnement au cabinet d’Ophtalmologie ou les visites programmées à l’Hôpital et autres besoins urgents.

Prière
Mon Seigneur et mon Dieu, je vous Loue pour cette liberté que j’ai pour répondre à votre appel.
Notre-Dame de Lourdes, merci pour cette santé que j ’ai actuellement pour être disponible auprès de mes frères et sœurs en Christ là ou ils se trouvent .

Témoignage de Blandine Ropars, infirmière

Je suis Blandine Ropars, infirmière anesthésiste à l’hôpital.

À l’hôpital, ma mission est d’accueillir le patient au bloc opératoire, de participer et de surveiller son anesthésie. En salle de réveil , je mets en route les protocoles pour soulager la douleur et j’aide les gens à se resituer avant le retour dans leur chambre .

Ce sont des temps courts où chaque étape est technique et à chacune d’elle , on doit assurer une sécurité maximale.

C’est un métier passionnant qui permet la rencontre avec des gens brutalement stoppés dans un élan ou qui vivent la maladie au quotidien.

Chacun des soignants est un maillon d’une grande chaîne et chacun avec sa personnalité apporte du réconfort.

Avec certains patients se crée d’emblée un lien chaleureux et l’on partage ensemble un instant de leur vie. Celui-ci se confie, pleure, dit un événement important. Quand un malade souffre et que ensemble, soignant-soigné, on réussit à stopper ou diminuer la douleur, alors c’est une petite victoire. Souvent naît alors une reconnaissance mutuelle.

Dans les équipes, il se vit aussi parfois des moments intenses dans lesquels on est un peu responsables du bien-être des ses collègues. On peut être réconfortants les uns pour les autres.

En accomplissant mon métier, je veux donner du sens parce que l’hôpital est un lieu d’humanité, d’humilité, de pauvreté.

J’aime transmettre de l’énergie pour guérir et se soigner, pour passer un cap difficile.

Au-delà des gestes, prendre soin de quelqu’un c’est être capable d’écouter attentivement et d’accompagner chacun sans se dérober .