Paroisse de la Bonne Nouvelle

Débattre sur un malaise 

Mercredi 17 avril 2019, salle des Ursulines à Lannion

La société française et l’Église traversent en ce moment des moments agités et il est normal que nous nous exprimions : nous sommes des citoyens de ce pays et il est légitime d’intervenir au nom de notre baptême. Ce 17 avril quelques trégorois se sont rassemblés à Lannion à l’invitation de cinq diacres pour en discuter.

Une petite quarantaine de personnes, de Lannion et d’ailleurs s’est retrouvée ce soir-là dans la salle des Ursulines à Lannion, décorée à l’occasion de posters de Yann Arthus-Bertrand illustrant l’encyclique Laudato si’, pour échanger sur les questions proposées par le Conseil permanent de la CEF en fin d’année dernière, questions relayées par notre évêque.

La question du débat

Ce débat était organisé par cinq diacres de Lannion et de Plouaret [1] et s’inscrit dans la démarche de leurs missions. Ils se trouvent, de fait, à la fois clercs de par leur ordination et proches des laïcs de par leur mode de vie. Cette réunion était volontairement ouverte à tous et sans spécificité religieuse a priori. Les questions étaient :

  1. Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prises ?
  2. Qu’est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ?
  3. Quels sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?
  4. Quel « bien commun » recherché ensemble pourraient fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?
  5. Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?

Sans lien direct avec le mouvement des gilets jaunes mais porté par la même interrogation, le journal La Croix [2] demandait Le débat est-il possible dans l’Église ? Dans quelles limites ? Et pourquoi l’expression d’une divergence entre catholiques est-elle systématiquement source de crispation ? Pourquoi donc ce qui est normal dans la société serait-il suspect dans notre Église ? Plus récemment un intervenant écrivait sur forum d’Internet : La communion est prioritaire par rapport à la vérité des faits. Ce genre d’argument n’a rien à voir avec le christianisme, seul le Christ est la Vérité et la Vie (Jn 14, 6). Personne ne peut s’approprier la Vérité et surtout la faire passer après un principe de communion dévoyé.

Les personnes présentes se sont donc retrouvées regroupées par tablées, ont échangé pendant 20 min sur une question puis ont changé de table pour les 20 min suivantes. À la fin de la séance tout le monde avait travaillé sur toutes les questions et il est trop tôt pour en publier une synthèse. Elle sera envoyée à tous les participants et on les retrouvera sur ce site d’ici deux semaines.

Pendant les débats

Quelques grandes lignes se dégagent du débat

On peut quand même dégager quelques grandes lignes de la réflexion des différentes tablées :

  1. Le contexte social a évolué, avec un impact sur la vie de famille. le monde politique semble impuissant. Mais l’éducation joue un rôle important dans cette crise et la crise des gilets jaunes a révélé bien des choses. La corruption reste une autre source de malaise et la première violence ne serait-elle pas la pauvreté ?
  2. Pour participer, il faut se sentir intégré dans une histoire commune et un projet commun. On ne peut pas demander la participation à la vie politique à ceux qui se sentent écartés de la vie économique et sociale.
  3. Si la mairie est un des lieux préférés des français en terme de démocratie locale, le réseau des associations est un élément indispensable. Encore faut-il que ces lieux de médiations soient écoutés.
  4. Un aspect du « bien commun » serait de retrouver l’humain, le placer au dessus de la finance, de l’économie. Ma propre vie est tributaire du mal être d’autres personnes et cela est insupportable. Le « bien commun » doit être un partage ce n’est pas une marchandise.
  5. Espérance : l’importance que l’écologie prend dans nos vies pour la protection du bien commun, notre terre, la capacité de l’homme à s’adapter et à réagir en permanence.

Quelqu’un avait posé la question de savoir si c’était bien aux catholiques de débattre de cela et donc de se lancer dans la politique : la réponse est simple, c’est oui, parce qu’au nom de l’Incarnation tout ce qui touche à la dignité de l’Homme touche aussi à Dieu. Quant à la peur de « faire de la politique », on est loin de la politique dite politicienne, aucun parti n’est mis en avant, c’est à chaque citoyen de se déterminer. Mais cela n’empêche pas de réfléchir à plusieurs sur les causes des dysfonctionnements de la société et de l’Église !

[1Benoît Rault, Hervé Bescond, Antoine Papin, Thierry Chauvet, Philippe Giron.

[2Journal La Croix du 30 janvier 2018 : Le débat dans l’Église est-il possible ?

La synthèse du débat

 

Photos de Françoise Bescond.